Le jeudi 25 juillet, à 11 heures, Gabriel Attal franchit le seuil de l’Elysée pour une de ses dernières rencontres hebdomadaires avec Emmanuel Macron. Malgré la tension qui règne depuis la dissolution du 9 juin entre le premier ministre en démission et le président, ils se rencontrent néanmoins pour assurer le fonctionnement de l’Etat et planifier l’avenir.
Au premier étage de l’Elysée, la paire dirigeante échange sur le « pacte d’action » que le premier ministre est en train de concevoir en privé afin de rallier des députés de partis adverses (initialement de droite) pour créer une nouvelle majorité. Macron visualise la nomination d’un nouveau premier ministre reflétant un accord politique mi-août. Un fantasme ?
Du côté droite, Laurent Wauquiez, le leader des députés de droite, soumet ses propositions et dessine ses limites (refusant notamment toute augmentation d’impôts), mais insiste qu’il est hors de question de faire partie d’un possible gouvernement de coalition. À la gauche, le Nouveau front populaire (NFP) revendique la victoire après les élections législatives et veut mettre en place son programme (incluant le retour de l’impôt sur la fortune) grâce à sa première ministre, l’énarque Lucie Castets.
Malgré ces divergences, un « chemin » est possible, assure Macron à ceux qui l’entourent. Le président reçoit peu de contestation, mais un proche de Gabriel Attal exprime des doutes en disant « Je ne vois pas comment tout cela pourrait se concrétiser en quinze jours ».
Alors que la France se prépare à « ouvrir ses portes au monde » pour les Jeux olympiques de Paris, le président se retrouve isolé et embourbé dans une crise qu’il a créée de toutes pièces. Peu avant la cérémonie d’ouverture, il n’était toujours pas clair si le Premier ministre se tiendrait au bord de la Seine dans la loge présidentielle, aux côtés d’Emmanuel Macron, ou un peu plus loin avec les membres du gouvernement démissionnaire. « Quoiqu’il en soit, le Premier ministre est invité », affirme un conseiller de l’Élysée, pour éliminer toute incertitude.
La dissolution a fait perdre une centaine de sièges à la majorité sortante. Conscient d’avoir offense une partie de ses partisans et perdu de son prestige, le président invite depuis la mi-juillet les députès à déjeuner par groupe de quinze au palais présidentiel. Entre deux obligations protocolaires olympiques, le président a rassemblé mercredi 24 juillet, un petit groupe de législateurs autour d’un plat de poisson. Un tel geste n’a pas été observé depuis 2017. Et cela marque un changement révolutionnaire dans la gestion des ressources humaines du président. Fervent adepte du « darwinisme », le président s’était jusqu’à présent peu soucié des sentiments de chacun. « Emmanuel Macron, il vous jette à l’eau et regarde si vous atteignez l’autre rive. Il aime les » guerriers », c’est comme ça, il faut faire avec », commentait en privé il y a quelques semaines Marlène Schiappa, l’ancienne secrétaire d’Etat à l’égalité des sexes.
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