Dans une interview avec Le Monde, Rémi Lefebvre, un professeur de sciences politiques à l’Université de Lille et auteur de Faut-il désespérer de la gauche ? (Textuel, 2022), a examiné les obstacles politiques auxquels le Nouveau Front populaire (NFP), qui est arrivé en première position lors des élections législatives du 7 juillet, fait face pour présenter un candidat pour Matignon.
Après les élections législatives, le NFP se devait d’affirmer sa victoire malgré un succès mitigé. L’électorat de gauche a demandé cette victoire et, bien qu’ils ne s’y attendaient pas, le parti devait maintenir sa position et ne pas céder le contrôle à Emmanuel Macron. Revendiquer la victoire symbolise la progression de la gauche, indique un espoir futur et contrecarre le désespoir grandissant. La gauche, tant sur le plan social qu’électoral, a subi de nombreuses défaites.
L’après-élection s’est toutefois révélée difficile. Jean-Luc Mélenchon, le chef de La France Insoumise, a, en quelque sorte, fait pression sur la gauche, notamment sur le Parti socialiste. Son affirmation « nous avons gagné » est un ultimatum. Mélenchon mène le jeu : il fixe le rythme. Il a réagi promptement aux résultats du second tour des élections législatives, à 20h03. Cependant, cette réaction rapide a révélé un manque de responsabilité, car les complications n’ont pas été prévues.
Il est à se demander si réclamer cette victoire était la bonne stratégie.
Il n’est pas aisé de revendiquer une victoire dont on ne prend pas en charge les retombées et pour laquelle on n’a pas développé une stratégie efficace. Les élections législatives ont été dominées par une inattendue et bienvenue influence de la gauche civile. Cependant, les discussions actuelles sont caracterisées par un retour vers la politique partisane. Cela risque de déplaire aux citoyens de gauche qui ne comprennent pas ces divergences. La gauche a adopté une approche similaire à celle après la dissolution de l’Assemblée Nationale le 9 Juin : annoncer rapidement l’union pour la solidifier et forcer une conclusion. Cependant, ce plan est désormais bloqué, et la gauche a peut-être agi trop hâtivement : mais avait-elle une autre option, vu qu’elle devait justifier la « victoire » de son camp?
Pourquoi les discussions à gauche pour se mettre d’accord sur le nom d’un premier ministre sont-elles bloquées? D’abord parce que l’équilibre des pouvoirs à gauche a changé. Le PS est maintenant plus solide. Le groupe socialiste à l’Assemblée Nationale a avancé tandis que la LFI a stagné. Puis, parce qu’il n’y a qu’un seul poste de premier ministre alors qu’il y a 577 circonscriptions. C’est le même problème que pour trouver un candidat unique à la présidence.
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