La dernière session de mise en place de la nouvelle Assemblée nationale s’est avérée moins tumultueuse que les deux précédentes, mais n’a pas été exempte de surprises. L’accord sur les postes clés conclu entre l’ancienne majorité et le groupe de la Droite républicaine (DR, anciennement Les Républicains) a eu des résultats positifs, permettant aux partisans de Macron de conserver la présidence de six des huit commissions permanentes, soit une de moins que lors de la législature précédente. Cependant, le groupe DR n’a pas réussi à obtenir la présidence de la commission des finances, qui lui avait été promise. C’est une semi-surprise, étant donné que la coalition présidentielle avait fait une promesse qu’elle n’était pas réellement en mesure de tenir.
Eric Coquerel, le président sortant (La France insoumise, LFI, Seine-Saint-Denis), a finalement été élu au troisième tour, où une majorité relative était suffisante. Il a reçu 29 votes : 25 du Nouveau Front populaire (NFP), trois du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT), suite au retrait de leur candidat Charles de Courson (Marne) et il semble y avoir eu une défection du côté de l’accord entre les macronistes et la droite. Sa rivale du groupe DR, Véronique Louwagie (Orne), a reçu 26 votes, soit un de moins que lors des deux tours précédents. Jean-Philippe Tanguy (Rassemblement national, Somme) a obtenu les 18 votes de son groupe et de ses alliés.
Un bouleversement notable s’est produit avec la perte de Jean-René Cazeneuve (Ensemble pour la République, EPR, autrefois Renaissance), le rapporteur général sortant du budget. Il a été surpris par la victoire de Charles de Courson, célèbre pour son opposition directe à la réforme des pensions de retraite au printemps 2023. Les deux individus ont été ex aequo au troisième tour, chacun recueillant 27 votes. Cependant, c’est finalement le député de la Marne qui a gagné grâce à l’avantage de l’âge. Mathieu Lefèvre (EPR, Val-de-Marne) a commenté sur X le samedi 20 juillet que la commission des finances de l’Assemblée nationale est désormais sous la gouvernance de deux « insoumis ». Il convient de noter que M. de Courson n’est pas membre de LFI et est plutôt reconnu pour sa discipline budgétaire.
La réaction post-vote a été marquée par la colère. La perte est importante pour le parti de Macron, étant donné le rôle crucial du rapporteur général du budget, qui est souvent considéré comme un « second ministre du budget », en liaison étroite avec Bercy lors de la confection des textes financiers. Jean-René Cazeneuve s’est exprimé furieux après le vote, reprochant à son remplaçant d’avoir « violé l’esprit de nos institutions » en étant élu à un poste habituellement réservé à la majorité. « C’est sérieusement néfaste pour l’élaboration de notre budget. Vous allez assister à un échange entre l’opposition et l’opposition, sans aucune chance d’une discussion constructive avec Bercy », a déclaré M. Cazeneuve.
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