À quatre heures du matin, le samedi 20 juillet, seule une petite poignée de députés de gauche abasourdis reste présente dans l’Hémicycle, avec une douzaine de leurs homologues du MoDem déconcertés plus loin. Un marathon de quatorze heures de votes s’était conclu par la constitution du bureau de l’Assemblée nationale. Ce dernier, organe décisionnaire principal de l’Assemblée nationale, est composé de six vice-présidents, trois questeurs et douze secrétaires fraîchement élus.
Après la défaite d’André Chassaigne, le communiste du Puy-de-Dôme, face à Yaël Braun-Pivet des Yvelines pour la présidence de l’Assemblée le jeudi 18 juillet, une surprise s’est produite: le Nouveau Front populaire (NFP) a réussi à obtenir la majorité absolue au bureau avec 12 sièges sur 22. Cette circonstance n’est pas négligeable, vu que cette assemblée a pour mission de réguler les délibérations de l’Assemblée et de gérer l’ensemble des services du Palais-Bourbon.
Toujours de bonne humeur, les députés de La France insoumise (LFI) cherchent un drapeau palestinien, comprenant que ce revirement politique favorable à la gauche pourrait transformer les sanctions disciplinaires mises en place par le bureau. Les dernières sanctions avaient visé les «insoumis » Sébastien Delogu et Rachel Keke, coupables d’avoir brandi un drapeau palestinien dans l’Hémicycle. Dans une note humoristique, Benjamin Lucas de Génération.s a exprimé sa joie de «tourner la page d’une dérive autoritaire», faisant référence aux nombreuses punitions imposées aux représentants de gauche lors de la législature précédente.
Les parlementaires du NFP encore présents dans la Chambre sont surpris que les partisans de Macron et de la droite aient perdu une bataille qui semblait déjà gagnée quelques heures plus tôt. Le parti MoDem, lésé car il n’obtient aucun siège au bureau, est furieux contre le manque de mobilisation de ses alliés d’Ensemble pour la République (le groupe du parti présidentiel Renaissance), d’Horizons et de la Droite Républicaine (DR, le groupe des députés Les Républicains non-ciottistes). Marc Fesneau, président du groupe MoDem, exprime avec colère que « les gens sont allés dormir ».
De son perchoir, l’inconfort de Yaël Braun-Pivet est évident, elle qui sera contrainte de cohabiter avec la gauche pendant au moins un an, jusqu’à la prochaine réélection du bureau. « Elle est minoritaire dans son propre bureau! » lui lance Mathilde Panot, la dirigeante du groupe La France insoumise (LFI), lors de l’annonce des résultats. « Ça va être très compliqué », confirme Marc Fesneau, ancien ministre des relations avec le Parlement.
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