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Candidats pour présidence de l’Assemblée

Dans le contexte unique d’un événement clé incertain, une nouvelle étape commence le jeudi 18 juillet au Palais-Bourbon. C’est le lancement de la XVIIe législature de la Ve République française, caractérisée par l’élection du nouvel(le) président(e) de l’Assemblée nationale. Cette élection a lieu dans une salle où il n’y a pas de majorité claire.

Les 577 nouveaux députés doivent se réunir à partir de 15 heures pour participer au vote, qui se déroulera sous l’égide du « bureau d’âge ». Ce bureau est constitué du député le plus âgé et des six députés les plus jeunes, et le vote se fera à bulletin secret. Dans une assemblée divisée en trois blocs, une situation rare mais plausible, le vote pourrait se faire en trois tours si aucun candidat n’obtient une majorité absolue lors des deux premiers tours. Le candidat le mieux classé après ces trois votes serait alors élu à la majorité simple.

Alors que le gouvernement sortant de Attal est chargé des affaires courantes dans l’attente d’un nouveau gouvernement, le groupe ou la coalition qui obtiendra la présidence de l’Assemblée pourrait jouer un rôle crucial dans la constitution du prochain gouvernement. Le reste du bureau de l’Assemblée sera choisi vendredi. Le Monde donne une vue d’ensemble des prétendants à la présidence, soutenus par les différents groupes et/ou coalitions.

Yaël Braun-Pivet est candidate à sa propre succession pour l’Ensemble. Elle est la première femme à être devenue présidente de l’Assemblée lors de la dernière législature, et la députée Renaissance des Yvelines est candidate pour un nouveau mandat. Depuis la campagne pour les élections législatives anticipées, Yaël Braun-Pivet n’a cessé de montrer son désir de continuer à servir, soulignant qu’avec son expérience, elle pourrait « contribuer à faire fonctionner cette Assemblée que le peuple français a voulue ».

La députée de 53 ans a souligné son combat quotidien pendant deux ans pour prévenir un blocage de l’Assemblée nationale et pour honorer chaque législateur, malgré la majorité relative du parti présidentiel durant ces deux dernières années, qui compte pourtant 250 membres. En 2022, bien qu’elle ait été la candidate du parti présidentiel pour la présidence de l’Assemblée nationale contre l’opinion du président, et élue au deuxième tour avec 242 voix, elle a fait face à de nombreuses critiques tout au long de son mandat. Ses relations tendues avec les députés « insoumis », qui réprimandent sa manière de gérer l’Hémicycle, principalement à cause des nombreuses sanctions qu’elle a prononcées contre eux, en sont un exemple. Elle a également dû prendre en compte des critiques provenant de son propre parti.

Malgré la rumeur de potentielles candidatures alternatives au sein de son groupe, Ensemble pour la République (anciennement Renaissance), elle a finalement été la seule à se présenter, et a donc été nommée candidate du groupe par défaut mardi soir, sans voter. Naïma Moutchou, une fidèle d’Edouard Philippe et ancienne vice-présidente de l’Assemblée nationale (2022-2024), a également déclaré mercredi qu’elle se présenterait pour le compte du groupe Horizons, membre de la coalition présidentielle. Elle a été désignée à l’unanimité par les trente membres du groupe, a informé son président, Laurent Marcangeli. Cependant, le bloc central ne sera pas uni dès le premier tour, ce qui pourrait priver Mme Pivet de votes cruciaux.

La députée représentant Val-d’Oise, maintenant âgée de 43 ans, se présente en candidate sur la base de son expérience en tant que vice-présidente de la chambre pendant deux ans. Elle a déclaré dans une interview accordée au Point que sa candidature est loin d’être capricieuse, mais plutôt fondeée sur la responsabilité. Ceci s’inscrit dans le cadre de l’autonomie du groupe Horizons.

« Le dialogue doit se poursuivre. Au cours des deux dernières années, j’ai réussi à engager des discussions avec tous, que ce soit La France insoumise ou le Rassemblement national. Mes homologues de l’opposition sont également d’accord avec cela et je pense que c’est un atout », déclare-t-elle. Elle affirme également avoir reçu des signes d’encouragement et de soutien de plusieurs collègues de Ensemble pour la République, La Droite républicaine, MoDem et même de certains membres du bloc de gauche, ce qui appuie davantage sa démarche.

Quant à la question de savoir si Mme Moutchou se retirerait si elle ne finissait pas en tête des trois partis de la coalition présidentielle à la fin du premier tour, M. Marcangeli a évité la question: « Nous en discuterons demain lorsque nous connaîtrons l’ordre d’arrivée ». Par ailleurs, le MoDem pourrait également proposer son propre candidat lors du premier tour du scrutin. Une réunion du groupe aura lieu mercredi soir pour finaliser cette décision.

En outre, le député centriste Charles de Courson a annoncé sa candidature.

Charles de Courson, un député centriste qui a occupé son poste à l’Assemblée sans interruption depuis 1993, a annoncé sa candidature au perchoir lundi. Grâce à son positionnement politique indépendant du gouvernement actuel, son expérience législative et son dévouement à l’institution, il est possible que De Courson gagne des soutiens de divers groupes à l’Assemblée, en plus de son groupe LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires), qui devrait comprendre une dizaine de députés.

Il a déclaré : « Dans ces temps sans précédents et chaotiques, il est crucial que le président de l’Assemblée nationale garantisse son bon fonctionnement, la dignité et la profondeur des débats et qu’il ne soit pas au service de coalitions partisanes conflictuelles qui sont seulement intéressées à se partager les postes ».

Cet élu de la Marne, connu pour son intérêt pour les questions budgétaires, s’est affirmé comme un adversaire résolu du camp Macron lors de la dernière législature, en particulier lors des discussions sur la réforme des retraites. En effet, c’est lui qui a présenté la motion de censure transpartisane contre le gouvernement Borne en mars 2023, qui a échoué à être adoptée par seulement neuf voix. Cependant, ses positions conservatrices sur les questions de société (comme son opposition au mariage pour tous et son soutien à la peine de mort dans certains « cas graves ») pourraient lui coûter des votes à gauche et au centre.

Annie Genevard est également candidate pour Les Républicains.

La Secrétaire générale du parti Les Républicains (LR), connue pour son opposition récente à l’accord établi entre le président du parti, Eric Ciotti, et le Rassemblement national (RN), s’est présentée comme candidate à la présidence de l’Assemblée le lundi 15 juillet. Elle est députée du Doubs depuis 2012 et s’est déjà portée candidate pour le perchoir en 2022, obtenant 61 votes au premier tour et 60 au second. De plus, elle a occupé le rôle de vice-présidente de l’Hémicycle pendant les deux dernières législatures (2017-2022 ; 2022-2024).

Malgré le score décevant de son parti aux élections législatives (le groupe devrait avoir une soixantaine de députés), la députée de 67 ans a défendu sa candidature mercredi, soutenant que « personne n’a la majorité » dans la nouvelle Assemblée et qu' »on vote pour un individu et non un parti ou un groupe ».

« Je peux être l’alternative » entre la gauche et le camp présidentiel, a-t-elle revendiqué, estimant que « la droite est recherchée pour son expertise » et que les idées du « pacte législatif » en préparation par LR ont suscité un « intérêt indéniable ». Sa candidature devrait être approuvée mercredi par son groupe La Droite républicaine (anciennement LR), maintenant dirigé par Laurent Wauquiez.
Par ailleurs, le Nouveau Front Populaire est en négociations pour présenter un candidat unique. Alors que les tensions augmentent pour déterminer qui sera le candidat commun pour Matignon, les partis de gauche de la coalition du Nouveau Front populaire (« insoumis », socialistes, écologistes et communistes) se sont mis d’accord lundi soir sur l’idée d’une candidature unique pour le perchoir, bien qu’aucun nom n’ait encore été proposé.

La France insoumise (LFI) s’est retirée bruyamment des discussions pour sélectionner un premier ministre commun lundi, en exigeant d’abord que le NFP se mette d’accord sur un candidat unique pour présider l’Assemblée nationale, soulignant l’importance du résultat du vote pour l’avenir. Manuel Bompard, leader du mouvement, a précisé que les « Insoumis » étaient ouverts à ce que le candidat ne soit pas un membre de LFI.

Cependant, « Les Insoumis » ont proposé deux candidats : Mathilde Panot, députée du Val-de-Marne et présidente du groupe « insoumis », et Eric Coquerel, député de Seine-Saint-Denis, qui fut le président de la commission des finances lors de la législature précédente. Les trois autres groupes qui composent le NFP ont soutenu la candidature de leur président de groupe : Boris Vallaud, député des Landes, pour les socialistes ; Cyrielle Châtelain, députée de l’Isère, pour le groupe écologiste et social ; et André Chassaigne, député communiste du Puy-de-Dôme, pour le groupe Gauche démocrate et républicain (qui comprend également des députés d’outre-mer).

Sébastien Chenu, candidat du RN, un groupe qui joue un rôle pivot, est en troisième position à la suite des élections législatives (143 sièges), derrière le NFP qui dirige (182) et le bloc central (168). Le RN, malgré tout, possède le groupe de députés le plus important à l’Assemblée (entre 120 et 130) et a réussi à augmenter considérablement ses membres depuis 2022. Le parti, qui avait gagné deux vice-présidences, réclame aujourd’hui plus de positions à responsabilité au bureau de l’Assemblée, notamment la présidence très stratégique de la commission des finances.

Le parti d’extrême droite, dirigé par Marine Le Pen, a annoncé mercredi que Sébastien Chenu serait leur candidat pour le perchoir au moins au premier tour. Il avait déjà tenté sa chance lors du dernier scrutin, en obtenant 90 votes au premier tour puis en renonçant à la course suite à une absence notable de soutien pour le RN.

Cette fois, le futur après le premier tour reste incertain, comme l’a souligné le Secrétaire Général du parti, Renaud Labaye. Chenu aura peut-être le soutien d’une dizaine d’alliés récents du RN qui siégeront dans le groupe A droite, présidé par le dissident des Républicains, Eric Ciotti, bien que cela ne soit pas assez pour gagner la présidence.

Face à la division de l’hémicycle, la centaine de députés d’extrême droite aura un impact considérable en tant qu’arbitre au deuxième tour, qu’ils choisissent de garder ou retirer leur candidat, de s’abstenir ou de soutenir un candidat qui n’est pas de leur parti. En dépit de la conclusion, ils joueront un rôle crucial.

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