Alexandre Allegret-Pilot, le nouveau représentant d’extrême droite issu des Républicains mais rallié au Rassemblement national, est connu pour ses vidéos provocatrices sur Facebook. Il a réagi avec amusement à une enquête publiée dans Le Monde le 11 juillet. Cette dernière révélait qu’il avait une fois approuvé une aide de 1,3 million d’euros à une entreprise qui n’existait pas. En tant que haut fonctionnaire à Bercy, il avait cette autorité pour signer de tels actes au nom du ministre. Il avait pris une décision curieuse pendant la campagne électorale, deux jours avant son élection.
Il s’est moqué de la situation dans une vidéo postée deux jours après la publication de l’article. Vêtu d’une chemise bleue et sur un arrière-plan luxueux, il ironisait sur sa capacité, avec son petit ordinateur, à effectuer des transferts de millions d’euros à des entreprises inconnues. Riant, il a ensuite vu une opportunité pour les Français. Il leur a proposé d’envoyer leur RIB et le montant qu’ils souhaitaient et a promis une surprise agréable le lendemain matin.
Monsieur Allegret-Pilot, représentant de la cinquième circonscription du Gard, risque de se retrouver dans une situation délicate. À la suite de nos révélations, le ministère de l’économie a révoqué son arrêté controversé et a initié une investigation interne pour déchiffrer les actions mystérieuses de cet individu de 35 ans, occupant un poste à la « restructuration des entreprises » de Bercy jusqu’au 7 juillet. Alexandre Allegret-Pilot persiste à prétendre qu’il a agi sur les ordres de son autorité supérieure, faisant référence aux directives du ministre Bruno Le Maire et du président Emmanuel Macron lui-même. « Je n’ai pas de doctorat en droit, on m’a donné une mission, je l’ai accomplie, affirme-t-il. Je suis fidèle, j’étais fonctionnaire à Bercy, j’ai émis l’arrêté qu’on m’a ordonné de prendre. »
Ces accusations ont été réfutées de façon catégorique par le bureau de Bruno Le Maire, qui insiste sur le fait que la société bénéficiaire de l’aide, Vitis Gallica, n’existe pas. « La compagnie existe bel et bien, elle va changer de nom. C’est un viticulteur de l’Ain qui va réorganiser sa société, s’il est dans votre intérêt il n’y en a pas d’autres », nous avait déclaré M. Allegret-Pilot avant la publication de notre premier article, tout en refusant de révéler l’identité cachée derrière Vitis Gallica.
« Hommes de paille »
Si vous visitez les coteaux inclinés du Haut-Bugey dans l’Ain, vous pouvez suivre les traces du célèbre vigneron Thierry Troccon. Âgé de 66 ans, il est le maître du domaine du Clos de la Bierle situé à Poncin, connu pour son vin mousseux du Cerdon. Issu d’une lignée de vignerons qui remonte au XVIème siècle, Troccon a repris ce domaine en 1987 et a réussi à en faire une entreprise florissante, vendant entre 40 000 et 80 000 bouteilles lors des bonnes années. Cependant, une calamité l’a frappé en 2015 : 80 000 bouteilles ont été mal fermées, causant sa ruine. En 2019, M. Troccon est entré en redressement judiciaire et, pour maintenir son entreprise, a placé deux « hommes de paille » (comme il les a appelés lui-même), ou plutôt « des amis », à la direction de sa société. Il espérait qu’ils pourraient plus facilement obtenir les prêts que les banques lui refusaient.
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