Alors que la fin prévue de sa courte carrière politique aurait ébranlé beaucoup d’autres, Gabriel Attal, ce dimanche 7 juillet, ne cède pas au dépit même après qu’il ait quitté l’Elysée en discutant avec Emmanuel Macron des résultats calamiteux pour leur groupe lors des élections législatives. Bien au contraire, Attal ne se préoccupe pas de son imminent départ de Matignon, qu’il prend seulement six mois après son entrée en poste. Au lieu de cela, le premier ministre baigne dans son succès personnel. En plein triomphe, il dit, sans modestie, à un fidèle de Macron, « J’ai sauvé la République ! », surprenant ce dernier par sa prétention.
Seulement quelques instants après, Emmanuel Macron, le président de la République, manifestement ennuyé par celui qui était autrefois qualifié de « bébé Macron », ne fait aucun effort pour regarder Attal se libérer de son influence devant les caméras. En déclarant “Cette dissolution, je ne l’ai pas choisie mais j’ai décidé de ne pas la subir” du perron de Matignon, il réaffirme n’avoir joué aucun rôle dans la décision, largement critiquée par les macronistes, prise par Macron en juin pour dissoudre l’Assemblée nationale. Dans le même temps, il exprime sa satisfaction d’avoir réussi à contrecarrer, grâce à une vigoureuse campagne, les partis extrêmes, comme le Rassemblement national ainsi que la France insoumise. Cependant, malgré l’annonce de sa démission le même soir, celle-ci est refusée par Emmanuel Macron.
La Rue de Varenne est empreinte d’une atmosphère de revanche. Le mardi 16 juillet, l’occupant de l’Élysée est contraint d’accepter la démission du gouvernement, y compris celle de son Premier ministre qui, malgré tout, resteront en fonction pendant une période déterminée avec un pouvoir limité pour gérer les affaires courantes. Cependant, l’homme qui est devenu le plus jeune premier ministre de l’histoire de la cinquième République à 34 ans, a déjà pris en main son avenir, loin d’un président réputé irrémédiablement affaibli. Le député de Hauts-de-Seine a déjà fixé son regard vers l’Assemblée nationale. Élu le 13 juillet président du groupe des députés Renaissance, récemment renommé « Ensemble pour la République », il se déclare prêt à « tout réinventer, tout reconstruire », sous-entendant que tout a été détruit. « Gabriel Attal suit le pouvoir », note Vincent Martigny, professeur de science politique à l’université de Nice et à l’École polytechnique.
Dans un « sens du devoir », profitant de ses derniers moments Rue de Varenne, le Premier ministre a fait installer précipitamment, le 5 juillet, au premier étage de Matignon, le bureau de son père défunt, mort en 2015. Le meuble qui a accompagné Gabriel Attal dans tous ses ministères a été placé à côté du bureau de Léon Blum, sur lequel le Premier ministre travaillait auparavant. Aucune boîte n’est encore emballée. Gabriel Attal est conscient qu’il pourrait passer encore quelques semaines à Matignon pour assurer un fonctionnement minimal de l’État, en particulier pour s’assurer du bon déroulement des Jeux Olympiques de Paris, du 26 juillet au 11 août, le temps qu’un successeur soit nommé.
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