L’insurrection indépendantiste et les attaques brutales qui l’ont suivie depuis le 13 mai ont perturbé la tranquillité des citoyens de Nouvelle-Calédonie, qu’ils soient natives ou arrivés récemment. C’est un moment de réflexion pour ceux qui pensaient avoir contribué à l’établissement d’un «pays» grâce aux années de tranquillité rendues possibles par les accords politiques de Matignon en 1988, et de Nouméa en 1998. Un libraire, un entrepreneur agroalimentaire, un restaurateur, une designer de mode parmi eux ont partagé leurs interrogations et leur désir de transformation.
Cathie Manné, la libraire, pense que: «Il est important que les hommes politiques donnent de l’espace aux gens»
Ses 8 ans de travail dans la librairie Calédo Livres, située au Place des Cocotiers en plein cœur de Nouméa, lui ont permis de réunir une collection d’ouvrages de différents auteurs, photographes, romanciers et historiens de la Nouvelle-Calédonie ainsi qu’une variété de littérature océanienne.
La dangereuse explosion du 13 mai qui a semé le désordre sur le territoire la déchire, elle le perçoit comme un échec. Elle se demande: «Quel était l’impact des livres? De l’éducation?» Selon elle, l’échange de connaissances a été réduit en cendres et la violence a triomphé, alors qu’il y avait la possibilité de faire beaucoup de bien dans ce pays de 270 000 habitants. Cela la dévaste.
Dans les années 1970, alors qu’elle était encore une petite fille, Cathie Manné a déménagé à New Caledonia, aussi connu comme « Le Caillou ». Son père avait obtenu un poste dans le secteur de la construction et sa mère était employée par le docteur Edmond Caillard, un résistant gaulliste et figure notable du pays. Cathie est tombée amoureuse du pays, de sa liberté et de sa nature. « J’adorais cueillir les mandarines avec les Kanak à Houaïlou et chasser le cerf et la roussette dans les terres des Caldoches. », dit-elle. Ses services dans l’armée lui ont permis de financer ses études en France, mais elle s’est toujours sentie déphasée.
Dans les années 1990, Laurence Viallard a lancé la première maison d’édition néo-calédonienne dans le but de promouvoir l’identité du pays et la voix de ses habitants. Cathie Manné était parmi ceux qui y ont travaillé, notamment aux côtés de Denis Pourawa, poète, Ismet Kurtovitch, historien, et Déwé Gorodey, militante indépendantiste kanak. Après près de deux décennies dans l’édition, elle a créé une société de distribution avant de prendre la direction de la librairie Place des Cocotiers. Cette librairie a été maintenue grâce à une souscription publique organisée en 2016 par la romancière Claudine Jacques. Vous devez être abonné pour lire le reste de cet article.
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