×
google news

« Macron face à la malédiction mandat »

La seconde gestion d’Emmanuel Macron paraît s’embarquer, cette semaine et pour un long chemin, vers un cours politique risqué, voire chaotique. Un gouvernement désapprouvé, une majorité perdue, le danger d’être relégué, pendant trois ans, à « inaugurer les chrysanthèmes », une popularité qui chute comme au moment des « gilets jaunes »… Semble-t-il, le président de l’État est à nouveau rattrapé par la malédiction des deuxièmes mandats. Comme d’autres l’ont vécu avant lui.

C’est une vieille malédiction, en effet. Sous la Troisième République (1875-1940), aucun des deux présidents concernés n’a réussi à tenir jusqu’au bout. En 1887, moins de deux ans après sa réélection, Jules Grévy (1807-1891) a été contraint à la démission en raison du « scandale des décorations » : son beau-fils avait l’habitude regrettable de tirer profit de son accès privilégié à l’Élysée pour mettre en place un trafic lucratif de nominations à la Légion d’honneur. « Ah ! quelle malchance d’avoir un beau-fils ! », se moquait-on dans le tout Paris. Quant à Albert Lebrun (1871-1950), réélu en 1939, il a abandonné ses fonctions l’année suivante, chassé du pouvoir par Philippe Pétain (1856-1951).

Depuis 1958, trois présidents de la République ont réalisé un second mandat. Charles de Gaulle (1890-1970), François Mitterrand (1916-1996) et Jacques Chirac (1932-2019) ont toutefois tous quitté l’Élysée dans un climat crépusculaire. L’érosion du pouvoir, l’âge, voire la maladie ont chaque fois fragilisé la stature du chef de l’État.

« Dix ans, ça suffit. »

La première démission a été enregistrée en 1969 suite à une défaite dans un référendum portant sur une révision du Sénat et l’établissement des régions. Charles de Gaulle a annoncé son retrait du poste de président de la République juste après minuit ce jour-là. Il a déclaré, à travers un communiqué, qu’il abandonnait la présidence à partir de midi ce jour-là. Après avoir été au pouvoir pendant une décennie, il était épuisé. Sa position avait été secouée par le soulèvement des jeunes en mai 1968. Son premier ministre, Georges Pompidou, avait pris le dessus tandis que de Gaulle avait du mal à reprendre le contrôle. Les phrases « Charlot est fini » et « Dix ans, ça suffit » ont commencé à apparaître dans les rues de Paris.

François Mitterrand, qui a été élu en 1981 et a été réélu en 1988, a fait face à un changement dans la direction du vent en 1991. Les Français n’ont pas compris pourquoi le premier ministre Michel Rocard avait démissionné et avait été remplacé par la très impopulaire Edith Cresson. Ce deuxième mandat a été marqué par le suicide du premier ministre Pierre Bérégovoy ou du conseiller François de Grossouvre, à l’Elysée, et par diverses controverses diplomatiques, que ce soit le « putsch de Moscou » ou le Rwanda.

Il reste environ 55.17% de cet article encore à lire, réservé aux abonnés.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Lire aussi

example 10
Politique

RN affiche impuissance à l’Assemblée

1 novembre 2024
« Mesdames et Messieurs, que sommes-nous en train de faire en ce moment ? Une question qui s'est posée pour beaucoup de membres du parlement lors des échanges du jeudi…
example 2100
Politique

Budget 2025 : amendements fragiles

31 octobre 2024
Depuis une dizaine de jours, les débats sur le budget ont commencé et le déroulement reste inchangé. Les auteurs des amendements sont fiers de chaque adoption, soutenant que le budget…
example 2093
Politique

Dirigeants CGT-Agroalimentaire condamnés sursis

31 octobre 2024
La CGT est dans une situation défavorable suite à une condamnation de sept responsables et anciens dirigeants de la Fédération nationale agroalimentaire et forestière (FNAF). Le 31 octobre, la 15e…
example 2081
Politique

Paris limite trafic hypercentre lundi

31 octobre 2024
L'administration municipale de Paris a émis une directive le jeudi 31 octobre instituant une Zone À Trafic Limité (ZTL) au centre de Paris, bloquant l'accès aux véhicules qui passeraient simplement…