Peio Dufau a remporté son défi, celui de devenir député lors du deuxième tour des élections législatives qui avaient lieu le dimanche 7 juillet. Avec sa barbe en collier encadrant un visage rond, Dufau allie une attitude sympathique à une discussion réfléchie. Il a été élu par les électeurs de la 6e circonscription des Pyrénées-Atlantiques, une région qui s’étend de Biarritz jusqu’à Hendaye et Espelette et où il est adjoint au maire de Ciboure.
Dufau, 45 ans, très engagé dans la vie sociale, est un cheminot et un bascophone. Connu dans son entourage comme une personne travailleuse et leader qui fait confiance aux autres, il a été élu sous l’étiquette de l’union de la gauche.
Il est membre du parti basque de gauche patriote, Euskal Herria Bai (EH Bai, qui signifie ‘oui au Pays Basque’). Pour ces élections, Dufau a choisi de se présenter sous les couleurs du Nouveau Front Populaire. Compte tenu de la situation actuelle, l’accent a été mis sur la convergence malgré les divergences, comme l’a expliqué Gaby Arestegui, porte-parole d’EH Bai, en juin. Cette union n’était pas évidente pour certains leaders du parti communiste ou « insoumis », qui ont longtemps été méfiants à l’égard des « Basques » suspectés de séparatisme identitaire. Le scrutin a été clairement difficile.
« Abertzale bat Parisen », ou un « régionaliste à Paris » selon la classification utilisée, est quelque chose à quoi peu de gens croyaient. Cependant, lors du premier tour des élections législatives de 2022, Peio Dufau, représentant d’EH Bai, avait convaincu 7667 personnes, récoltant ainsi 14,6% des votes. Cette année, lors du premier tour du 30 juin, il a sécurisé la première place avec 21650 votes. Par la suite, dans une lutte difficile contre un candidat du MoDem, successeur du député sortant, et un candidat du groupe Les Républicains-Rassemblement national soutenu par Eric Ciotti, il a gagné environ 5500 votes supplémentaires, atteignant 36,3% des votes au deuxième tour.
De la danse aux affaires de l’école en basque (ikastola), des commentaires de matchs de rugby sur la radio à son engagement syndical avec le CGT, ce cheminot mène des journées bien remplies. « Mon expérience professionnelle, associative et politique me donne des ressources et le désir de faire bouger les choses », affirme cet enfant de Saint-Jean-de-Luz qui vit maintenant à Ciboure, une ville voisine.
Depuis la ville natale du célèbre compositeur Maurice Ravel, il se prépare pour ses dossiers principaux : le manque de logements au Pays Basque, la protection des terres agricoles, et la langue basque, « alors que la France n’a toujours pas ratifié la charte des langues minoritaires ». Il espère que Paris considérera la diversité et la pluralité des régions, y compris en Bretagne. Sa priorité reste de maintenir le consensus, « comme celui que nous partageons tous ici pour défendre la langue basque ». En attendant, le nouveau législateur ne manquera pas de retrouver son groupe de rock le 10 juillet, pour ouvrir le Festival de Bayonne.
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