D’après un témoin, Emmanuel Macron a accueilli avec une certaine satisfaction les premiers résultats des élections législatives du second tour, le dimanche 7 juillet, en soirée. Le désastre prévu ne s’est pas produit. Entouré par une vingtaine de dirigeants de partis et de ministres, le président a été informé des résultats des élections législatives tout au long de la soirée, circonscription après circonscription, déclare son équipe. Le camp présidentiel a obtenu 168 sièges, préservant ainsi sa dignité.
Le discours de Jean-Luc Mélenchon l’exhortant à reconnaître et à accepter sa défaite sans essayer de l’éluder n’a pas affecté Emmanuel Macron. Au salon Murat, où café, eau minérale de Chateldon et Coca Zero étaient servis, il a regretté une campagne électorale difficile et agressive. « Il est maintenant temps de calmer le pays, de laisser les choses se mettre en place à l’Assemblée », a-t-il déclaré. Il a également encouragé les ministres et les dirigeants de l’ancienne majorité, qui ont été fortement divisés ces derniers jours, à valoriser l’unité du bloc central.
« Si les ambitions sont justifiées, leur moment d’expression n’est pas encore arrivé », a-t-il admonesté. Gabriel Attal, le Premier ministre, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, et Edouard Philippe, le président d’Horizons (ces deux derniers participant à la réunion par audioconférence), ont déjà l’élection présidentielle suivante en vue. Toutefois, le chef de l’Etat n’a pas remis en question, au cours de la soirée, sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale. Comme l’a fait remarquer un participant : « On ne se lamente pas sur le passé ».
« Une Assemblée souveraine ».
En dépit de tout, l’Élysée a ressenti un certain soulagement en constatant que le parti présidentiel finirait, de manière surprenante, en tête du Rassemblement national. « Pour Emmanuel Macron, l’idée de se retrouver face à Jordan Bardella [au conseil des ministres] était inconcevable, » note l’auteur Bernard-Henri Lévy, qui entretient une communication régulière avec lui.
Après avoir dirigé pendant sept ans avec une présidence « verticale », le Président de la République, qui avait promis d’aborder cette élection « pour triompher », n’a plus le contrôle total et doit maintenant, pour la première fois, coopérer avec ses opposants. Gabriel Attal, le premier ministre, fait remarquer que « le point d’équilibre du pouvoir sera désormais plus que jamais aux mains du Parlement et donc (…) de nos citoyens ». La nouvelle Assemblée nationale « sera une Assemblée souveraine, dont la légitimité est renforcée par la participation élevée, et sur laquelle le Président ne pourra exercer aucun contrôle », analyse l’historien Patrick Weil. « Car les députés ont été élus, soit en opposition au président de la République, soit en dépit de lui ».
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