En temps normal, les mercredis au marché de Beaurepaire, une petite ville d’Isère de 4 800 résidents, sont tranquilles. Les gens se rassemblent et discutent autour des étals tout en sirotant leur café. Cependant, le mercredi 3 juillet, une atmosphère tendue prédomine. David Dubois, un pompier de profession, un «socialiste de longue date» et un joueur de rugby de l’«époque black-blanc-beur», exprime son mécontentement : «Auparavant, on ne les aurait jamais laissés faire du tract ici! Regardez-les maintenant, ils sont tout à fait à l’aise à diffuser leurs opinions. Ce qui me met mal à l’aise. »
Il fait référence à l’extrême droite. Le porte-parole du Rassemblement national (RN), Sébastien Chenu, est venu de Paris soutenir son candidat et ex-assistant parlementaire. Cependant, parmi la multitude de blazers, il est difficile pour les habitants de reconnaître ce dernier : Benoît Auguste, quarante-quatre ans, directeur d’école « en disponibilité » et opposant régional. On l’accuse de n’être qu' »un parachuté de Lyon qui a loué un meublé ici il y a seulement trois semaines ».
L’Isère fait partie des circonscriptions très disputées que le RN souhaite inclure dans son territoire : le premier tour y a vu le RN marquer 42,1%, contre 27,56% pour le député sortant des Républicains (LR), Yannick Neuder. En troisième position, la candidate du Nouveau Front populaire (NFP-PCF) s’est retirée en sa faveur.
Dans le département composé de dix districts, combien nommeront un représentant du RN lors des élections de dimanche? En 2022, seul le 6e district a opté pour cette tendance – l’incumbent maintient une solide avance. Cependant, en 2024, le RN semble bien placé pour gagner plus de sièges, en particulier dans le Nord. C’est une situation qui inquiète de nombreux électeurs, qu’ils soient de droite ou de gauche, hésitant à voter pour l’opposition pour faire barrage.
À Beaurepaire, autrefois bastion socialiste, des fonctionnaires locaux de différents horizons politiques se sont réunis pour soutenir M. Neuder. 110 d’entre eux ont exprimé leur soutien républicain dans les pages du journal Dauphiné libéré. Conseiller régional LR et président des LR en Isère, il s’est prononcé pour l’exclusion du président controversé du parti, Eric Ciotti. M. Neuder, cardiologue de profession à l’Université hospitalière de Grenoble et résidant à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, semble être populaire.
«Il est certainement un homme de droite, mais au-dessus de tout, il est un représentant public dévoué et humaniste, qui soutient les projets importants», déclare André Mondange, le maire PCF de Péage-de-Roussillon. Tout le monde est préoccupé par l’idée qu’une personne « parachutée » pourrait « tenir le territoire en otage ». M. Neuder est conscient de l’indécision des électeurs de gauche à l’idée de voter à droite : « mais ce sont nos valeurs communes qui sont en jeu ».
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