« Barrage républicain » contre RN, gauche/droite différencié

Les quartiers résidentiels de Villeneuve-Tolosane en Haute-Garonne semblent étrangement silencieux un mercredi après-midi du 3 juillet. Avec leurs volets fermés, les jolies maisons donnent une impression de tranquillité apathique, tout comme les petits immeubles un peu plus loin. Les soutiens de Christophe Bex, le député sortant de La France insoumise qui a réuni 33,2 % des voix au premier tour, distribuent leurs brochures porte à porte dans l’indifférence générale. Soudain, une dame retraitée, curieuse et discrète, ouvre son portail. « Macron a tout gâché! On est mal partis avec le RN [Rassemblement national]. Il faut qu’on se rassemble autour de personnes sincères pour en sortir », déplore France.

Agée de plus de 80 ans, elle dit qu’elle a déménagé ici après sa retraite d’antiquaire et qu’elle est déconcertée par l’évolution de son pays où le « respect a disparu ». Tout à coup, elle s’exclame : « Mais dites-moi, quel est votre camp ? Mélenchon ? Je ne l’aime pas, il est impoli et autocentré. Vous ne pouvez pas le démettre ? » Le député reste serein, expliquant que le Nouveau Front populaire est diversifié, que l’ancien candidat à la présidentielle ne se représente pas, et que lui-même est un député de proximité. France s’engage à lire sa brochure et lui souhaite bonne chance.

Un soupir émane de « l’insoumis » : « Mélenchon n’est plus du tout crédible dans ces zones rurales profondément socialistes. C’est un fardeau à assumer…». Tout au long de leur errance dans diverses municipalités périurbaines au sud de Toulouse, cette pensée ressurgit régulièrement. Elisabeth Toutut-Picard (Renaissance), candidate du groupe Ensemble, arrivée troisième (avec 24,8 % des suffrages), s’est retirée dès le dimanche soir. Elle a encouragé les électeurs à voter « selon leur conscience » et leur a demandé de privilégier le candidat le mieux à même de défendre les valeurs républicaines et européennes. En revanche, le candidat de Les Républicains-RN, Galëtan Inard, un allié d’Eric Ciotti, a obtenu un nombre record de voix, soit 40,4 %, soit presque le double de son score de 2022.

Les services publics ont disparu.

La redistribution des voix ne semble pas évidente suite à l’absence de directives claires du camp présidentiel et à une campagne extrêmement hostile à l’égard du NFP. « Je suis préoccupée car nous savons comment les grandes dynamiques poussent les gens à suivre aveuglément sans se pencher sur les programmes électoraux», note Agnès Benoit-Lutman, la première adjointe au maire socialiste de Villeneuve-Tolosane.

Cette petite commune de 9000 résidents est devenue une cité-dortoir, face à des commerces en déclin et l’absence de transports en commun. Ici, à une vingtaine de kilomètres de la Ville rose, on se sent isolé. « La vie est plutôt agréable dans ces villages, mais les résidents ne souhaitent pas que ce qu’ils voient à l’écran arrive sur leur pas de porte », observe Christophe Bex. Le débat a maintenant lieu dans un environnement dominé par la peur, comme le constatent les militants. Un ensemble d’incompréhensions, de frustrations et de fureurs semblent avoir été libéré par une décision de dissolution mal comprise.

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