Baptiste Lemonnier, président de l’association des parents d’élèves, observait attentivement un champ à Evran dans les Côtes-du-Nord où des dizaines d’écoliers participaient à la kermesse en ce dimanche 30 juin, jour d’élections législatives. Dans un contexte où l’importance de voter était amplifiée, il déplorait l’absence de directives claires sur la manière de le faire. Le sujet était particulièrement délicat compte tenu de l’élection de la liste du Rassemblement National (RN) de Jordan Bardella dans la ville le 9 juin.
Ce choix des électeurs était inédit, non seulement à Evran mais aussi dans toute la région, généralement rétive aux idéologies d’extrême droite. Lemonnier ignorait que le RN reste un parti influent après les résultats du 30 juin. Les partisans du RN se sont qualifiés pour le second tour des élections législatives dans vingt-six des vingt-sept circonscriptions de la région, une performance que le parti n’avait pas réalisée en 2022.
Le RN n’est plus un étranger en Bretagne. Cependant, cette poussée n’est pas comparable à l’effet bouleversement ressenti dans d’autres régions du pays. Une analyse des résultats du vote révèle que l’originalité du vote en Bretagne demeure. La région, qui a enregistré un taux de participation supérieur à 73%, a vu 27,7 % de ses électeurs soutenir des candidats d’extrême droite, soit 5,5 points de moins que la moyenne nationale.
Le parti de Jordan Bardella s’est progressivement installé comme la troisième force politique de la région. Les voix récoltées par les candidats de gauche ont atteint 32 %, soit presque quatre points supérieurs à la moyenne nationale, tandis que, contre toute attente, la coalition présidentielle a résisté grâce à 28,8 % des votes, soit sept points de plus que le score national moyen.
Dans le contexte politique local, un « front républicain » a été établi dans le but de contrer l’éventuelle « menace » du Rassemblement National lors des élections tripartites considérées « douteuses », le dimanche 7 juillet. Plusieurs candidats du Nouveau Front Populaire, comme le socialiste Antoine Ravard, ont rapidement abandonné la compétition. Ravard, qui était troisième après le candidat des Républicains et celui du RN dans la 3ème circonscription des Côtes-d’Armor, a exprimé son refus de permettre à l’extrême droite de diriger le pays, dans un communiqué de presse diffusé le lundi 1er juillet.
Cependant, le processus de retrait s’est avéré être plus compliqué pour le parti Renaissance, malgré les pressions de leurs dirigeants, comme Hervé Berville. Berville, secrétaire d’Etat à la Mer et à la Biodiversité, qui a mené la course dans la 2ème circonscription des Côtes-d’Armor, a clairement indiqué que son parti devrait se retirer sans condition là où le RN pourrait gagner.
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