Est-ce en raison de la résistance de Jordan Bardella, dirigeant du Rassemblement national (RN), à envisager un débat avec elle ? Ou parce qu’elle a su capter la colère et le désarroi de la gauche, ce lundi 1er juillet sur France Inter, alors que Bruno Le Maire, le ministre, était réticent à établir une alliance comprenant La France insoumise (LFI) pour contrer l’extrême droite ? Dans un laps de temps court, Marine Tondelier, 37 ans, la secrétaire générale des Verts, est devenue une figure marquante de l’entre-deux-tours des élections législatives. Chose inhabituelle à gauche, sa notoriété dépasse les frontières des groupes militants.
Son histoire n’est pas récente. Elle avait déjà acquis le respect de l’ancienne Première ministre, Elisabeth Borne, lors d’un dialogue lors des Rencontres de Saint-Denis avec le Président de la République et les dirigeants des partis politiques. Les deux femmes s’étaient exprimées sur l’écologie mais ont également abordé le sexisme en politique… un sujet qui reste pertinent aujourd’hui, à une époque où le débat d’entre-deux-tours sur France 2 présente un plateau uniquement masculin avec Jordan Bardella, Gabriel Attal, Raphaël Glucksmann et David Lisnard, suite à deux autres débats également exclusivement masculins avant le premier tour.
Le mercredi 3 juillet, Marine Tondelier a bénéficié d’une heure de couverture médiatique sur BFM-TV mais c’était avant et non pas face à M. Bardella. Le leader du parti de Le Pen n’était pas présent lorsqu’elle a critiqué « le GUD [Groupe Union Défense, une organisation d’extrême droite récemment dissoute par le gouvernement], les amis de Jordan Bardella, des individus portant des tatouages de croix gammées sur leur corps », les accusant de mener des « ratonnades » contre des mineurs étrangers non accompagnés.
Des pratiques de combat.
Originaire du Pas-de-Calais, elle s’est présentée contre Marine Le Pen pour devenir maire d’Hénin-Beaumont en 2012, 2017, 2022 et est actuellement suppléante. Elle a eu l’opportunité de faire face au RN sur leur territoire depuis toujours et a vécu l’évolution complète de l’affaiblissement de la gauche dans le secteur minier. En 2012, lorsque Jean-Luc Mélenchon était parachuté à Hénin-Beaumont, elle était là. Elle martelait à l’époque « un autre Marine est possible ». Elle était aussi présente pour les victoires de Marine Le Pen en 2017.
Par sa proximité avec l’extrême droite – lors des conseils municipaux, sur les marchés de la ville, où elle faisait campagne via du karaoké en 2012 à quelques mètres d’une Marine Le Pen dégustant du rosé – elle a développé des tactiques de lutte. Celles-ci sont essentielles pour survivre en politique, notamment à gauche. De l’exclamation « c’est assez, les forceurs » à l’encontre de Manuel Bompard suite à son insistance pour une liste unique aux européennes, à son « je m’en moque » lors d’une question répétée sur Jean-Luc Mélenchon, l’écologiste ne ménage pas ses termes. « J’ai appris cela en faisant face à l’extrême droite, il faut savoir s’échapper de la prise », expliquait-elle en 2023.
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