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« Législatives 2024: Président se souvient opportunément »

Suite aux déclarations, l’action a suivi. Le lundi 1er juillet, de nombreux d’anciens prétendants de l’actuelle majorité présidentielle ont renoncé pour un représentant du Nouveau Front Populaire (NFP), dans l’optique de surclasser le candidat du Rassemblement national (RN), et inversement.

Bien qu’il soit surprenant, Emmanuel Macron a choisi de rassembler ses ministres à l’Elysée plutôt que de faire une déclaration formelle aux français. Il a souligné sur le coup de midi que c’était l’extrême droite qui était proche d’atteindre les fonctions les plus hautes, et « aucun autre ». Suivant la trajectoire de son premier ministre, Gabriel Attal, la veille, dans une atmosphère tendue et froide, il a insisté sur le fait que « pas une voix » ne devait soutenir l’extrême droite, alors qu’avant le premier tour, il optait pour un « ni-ni » (ni RN ni La France insoumise).

Un revirement total après avoir mis en opposition les deux « extrêmes » tout au long de la campagne et souligné la menace d’une « guerre civile » en cas de victoire de l’un ou de l’autre. M. Macron s’était même acharné contre le NFP, critiquant son « immigrationism » ou qualifiant de « grotesques » certaines de ses idées, comme « le changement de sexe libre, en mairie ».

Il ne s’agit pas de la première occasion où le président de la République se rappelle opportunément du front républicain, un concept pour lequel il n’a pas toujours démontré un fort soutien. Au cours des élections régionales de 2021, il a plaidé pour que ses candidats prennent des décisions « localement ». Son attention était centrée sur sa mission de subjuguer le Parti socialiste et les Républicains (LR), et souhaitait par exemple que dans les Hauts-de-France, la liste de la majorité – dirigée par le secrétaire d’État Laurent Pietraszewski – ne se retire pas, dans le but de « forcer à l’accord » le sortant Xavier Bertrand (LR).

Au final, la question n’a pas été posée, La République en marche (LRM, désormais rebaptisée Renaissance) n’étant pas en mesure de se maintenir pour le second tour. A cette époque, le député européen Stéphane Séjourné et le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal avaient eux aussi renoncé au front républicain, préférant plaider pour des fusions de listes plutôt que pour des retraits. En face d’eux, l’ancien chef de LRM, Christophe Castaner, avait insisté sur la nécessité de la clarté, arguant que M. Macron et la majorité sortante allaient avoir besoin du front républicain pour l’élection présidentielle de 2022.

Changement de pied.

En effet, alors que la différence entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron diminuait avant le premier tour, le président en exercice avait été contraint de remettre en avant la vision diabolique de son adversaire, en la renvoyant de manière opportune aux principes fondamentaux de l’extrême droite : « rejet de la République », « antisémitisme » et « xénophobie ». Il avait également demandé un rassemblement allant « de la social-démocratie au gaullisme », sortant de la sorte une forme de « mur républicain permanent » contre les extrêmes. Il avait ensuite pointé du doigt les journalistes pour leur rôle dans la « normalisation » de Marine Le Pen. « J’ai moins entendu dire qu’elle était de droite. Il y a vingt ans, les médias déclaraient « c’est affreux, un front républicain ». Cette réaction n’existe plus », avait-il déploré, sans mentionner que ses propres partisans avaient également contribué à cette normalisation, Gérald Darmanin allant jusqu’à critiquer la « faiblesse » de Mme Le Pen.
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