Dans la cellule numéro 12, située au bout du couloir aux murs intensément jaunis du centre de détention de Mulhouse-Lutterbach (Haut-Rhin), se trouve Christian Tein. Cette cellule se trouve dans la section isolée du complexe, à l’écart d’un autre détenu ayant des problèmes de santé mentale, nous précise la gestion de la prison.
Christian Tein, dirigeant de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), a été mis en détention provisoire en France le 24 juin, aux côtés de six autres militants indépendantistes kanak. Tous ont été inculpés dans le cadre d’une enquête sur la criminalité organisée, accusés d’avoir orchestré les émeutes violentes qui ont éclaté en Nouvelle-Calédonie à partir du 13 mai, causant la mort de neuf personnes à ce jour. Incarcéré sans argent ni affaires personnelles, Christian Tein a reçu une aide d’urgence de 30 euros. Il n’a pu communiquer brièvement qu’une seule fois avec son avocat à Nouméa. Le 3 juillet, son avocat devait plaider, sans guère d’espoir, contre la décision de la justice de le maintenir éloigné.
Le Monde a eu l’opportunité de rendre visite à Christian Tein le 1er juillet, conformément à la loi qui autorise des visites surprises de députés, en compagnie des sénateurs écologistes Jacques Fernique (Bas-Rhin) et Anne Souyris (Paris). Le même jour, deux autres sénateurs écologistes – Thomas Dossus et Raymonde Poncet Monge, du Rhône – ont également rendu visite à deux autres figures du mouvement indépendantiste incarcérées : Brenda Wanabo, responsable de la communication à la CCAT et présentatrice de la radio kanak Djiido, à la prison pour femmes de Dijon, et Frédérique Muliava, chef de cabinet du président du Congrès de Nouvelle-Calédonie, à celle de Riom (Puy-de-Dôme).
« Un détenu politique ».
A proximité de la porte, quelques vêtements sont posés sur une étagère. Dans l’espace cuisine, on peut voir du lait écrémé en boîte, de l’eau minérale en bouteille et un gâteau breton industriel. Le jour de son admission, l’aumônier lui a donné une Bible et il a également choisi le livre d’Eric-Emmanuel Schmitt, Journal d’un amour perdu, de la bibliothèque de la prison. Il semble que Christian Tein ait été persuadé que l’isolement, décidé par l’administration pénitentiaire, était préférable à la vie dans une prison surpeuplée.
« Ils m’avaient prévenu que les cellules étaient trop occupées avec trois détenus. J’ai besoin d’espace pour réfléchir. Et il faut une certaine tranquillité de tous les côtés. Tout cela est trop médiatisé », a déclaré l’homme de cinquante ans lors d’une conversation à laquelle Laure Haccoun, la directrice adjointe de cette nouvelle prison, a participé. « L’isolement a pour objectif principal d’assurer la sécurité des nouveaux arrivants », a-t-elle expliqué.
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