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Tollé fonction publique: attaques RN binationaux

Sid Rouis, un attaché de coopération à l’ambassade de France en Libye, est l’un des rares membres du corps diplomatique français à condamner publiquement la proposition du Rassemblement National (RN) d’exclure les citoyens français binationaux des postes les plus « sensibles » au sein de la fonction publique. Rouis, originaire d’Algérie, est arrivé en France en 1983 dans le cadre d’un regroupement familial. Bien que travaillant pour le ministère des affaires étrangères, Rouis n’est pas un fonctionnaire, mais un contractuel. Il considère que les attaques contre sa loyauté envers la France sont blessantes et voit sa double nationalité non pas comme un désavantage, mais comme un atout. Il estime que la proposition du RN est « terrifiante », conscient du risque qu’il encourt en exprimant son opposition, notamment une éventuelle sanction pour rupture du devoir de réserve ou la non-renouvellement de son contrat. Ancien adjoint de Yamina Benguigui, ministre déléguée chargée de la francophonie sous François Hollande, Rouis admet qu’il a beaucoup à perdre mais insiste sur le fait qu’il est nécessaire d’agir.

L’impact de la proposition du RN, bien que minimisée par le parti, est déclenche une véritable réaction au sein du haut appareil administratif français. Jordan Bardella a vivement préconisé cette mesure durant la rapide campagne précédant le premier tour des élections législatives, le dimanche 30 juin. Cette proposition a provoqué des débats animés parmi les dirigeants des trois groupes en course au cours de cette semaine. Vendredi 28 juin, Emmanuel Macron a qualifié cette démarche d' »infâme et ridicule ». Marine Le Pen a également dû réprimander un député de son parti qui avait critiqué la double nationalité de l’ancienne ministre de l’éducation Najat Vallaud-Belkacem. Le candidat du RN pour la fonction de premier ministre en cas de cohabitation a indiqué mardi, sans plus de précisions, que « quelques dizaines de postes sont concernés », sans préciser ce qu’il entend par « sensible » ou « stratégique ». « Que diriez-vous de nommer un Franco-Russe à la tête d’une centrale nucléaire ? Ne pensez-vous pas que cela pose un problème d’intérêt national ? », a tenté d’argumenter M. Bardella.
Cette déclaration pourrait sembler étrange de la part d’un parti qui tente actuellement, en plein conflit ukrainien, d’occulter son rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine. Elle ne rassure pas les employés titulaires de deux passeports. « Il ne faut pas tomber dans le piège de l’identité posé par le RN, mais rester fidèles aux principes de l’égalité et de la non-discrimination », conseille une diplomate française qui possède un passeport latino-américain, préférant rester discrète sur le pays en question.
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