Chaque fois que vous entendez un rire clair et sincère, vous savez sans aucun doute que Christian Bernard est arrivé aux bureaux de la CGT à Pontivy (Morbihan). Si vous avez la chance de partager une tasse de café avec lui, il vous racontera avec amusement son parcours professionnel, y compris les 2 226 jours qu’il a passés au chômage avant de franchir le comptoir de l’ANPE.
Christian Bernard est connu pour son sens de l’humour, qu’il utilise pour alléger l’atmosphère souvent lourde. Une atmosphère qui est devenue encore plus tendue suite aux élections européennes du 9 juin. Dans la zone de Pontivy et ses environs, le Rassemblement national (RN) a séduit près de 34,39% des votants, remportant ainsi la majorité dans les 49 communes de la troisième circonscription du Morbihan. Même la Bretagne, région historiquement récalcitrante aux idées d’extrême droite, n’est plus hors de portée pour le parti de Jordan Bardella.
En ce moment, à quelques pas du bureau syndical, on trouve Antoine Oliviero, un vendeur de 25 ans qui était inconnu jusqu’à ce qu’il soit nommé par le parti RN, distribuant des tracts sur la place du marché. C’est un symbole fort, car cet endroit est celui où les syndicalistes de la CGT, connus pour diriger les mobilisations sociales dans la région, terminent habituellement leurs manifestations. Le samedi 15 juin, par exemple, ils ont réussi à rassembler 400 personnes dans une protestation contre l’extrême droite.
Dans le syndicat local, Ronan Le Nézet, à la présence imposante, observe avec un regard bleu acier de plus en plus dur : « Ce fut une révélation pour beaucoup le 9 juin, étonnés par cette marée brunâtre. Nous avons lancé des avertissements depuis des années. Pendant des années, nous avons ressenti l’isolement de lutter, seuls contre l’extrême droite. » Christian Bernard, avec une voix grave, exprime « tous les griefs qui s’accumulent ». « Notre campagne bretonne a été négligée pendant trop longtemps. Les autoroutes traversent les zones côtières et les métropoles, elles oublient l’intérieur des terres. Emmanuel Macron a tout fait voler en éclats », argumente Annie Dagorne, la secrétaire de mairie qui se consacre maintenant à plein temps au syndicat.
Le président fait une gaffe
Le rejet du président est assurément le point le plus souligné par les électeurs du RN dans cette région façonnée par l’industrie agroalimentaire. La moitié des emplois dépendent des usines de production et de transformation des aliments. Il y a certes peu de chômage ici, mais beaucoup d’emplois précaires. La filière « agro » est désormais un réservoir de votes pour l’extrême droite. Ronan Le Nézet, technicien de maintenance dans une usine de salaison, confirme : « Absent localement, le RN s’est gavé de la colère contre ce président qui n’a cessé de diviser les classes populaires. »
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