Il y a une décennie, lorsque Françoise Cauwel a déménagé à Aix-en-Provence, le soutien au Rassemblement national n’était que de 3%. Elle, qui avait passé dix ans à lutter contre le parti dans le Var, a trouvé cela réconfortant. À 9 heures, Françoise savoure son café matinal à Encagnane. En tant que substitut de Mohamed Laqhila (MoDem), élu pour la 11e circonscription des Bouches-du-Rhône depuis 2017, cette architecte à la base a réuni une dizaine de militants dans ce quartier convivial pour la première distribution de tracts de la dernière semaine de campagne le lundi 24 juin. Ancienne adjointe du maire de Fréjus (Var), cette femme dans la cinquantaine a recommencé sa vie à Aix, avec un pied dans le monde culturel et un autre dans l’entrepreunariat.
Elle est toujours surprise par les résultats des dernières élections. Le 9 juin, “Aix la Bourgeoise” comme elle est surnommée à Marseille, la deuxième plus grande ville des Bouches-du-Rhône connue pour son excellente qualité de vie, son vitalité économique et sa grande proportion de diplômés, a porté pour la première fois le Rassemblement National à la tête d’un vote avec 22,7% des suffrages. C’était un choc dans une communauté où Emmanuel Macron avait obtenu plus de 67% des votes au deuxième tour des élections présidentielles de 2022, et dont la démographie semble correspondre à l’ambiance d’une « start-up nation ».
L’immense 11e circonscription, qui s’étend des quartiers occidentaux de la ville, en passant par des zones résidentielles et des centres d’activité jusqu’à la frontière nord de Marseille, suscite une grande inquiétude chez les partisans de Macron. Le RN a fait un bond de 10 points dans cette circonscription par rapport au premier tour des législatives 2022, atteignant 33%. La ville d’Aix ne suffit plus à compenser le vote extrémiste des petites villes proches de l’étang de Berre, comme Pennes-Mirabeau, où Jordan Bardella a récolté 52% des voix. Cette situation pourrait être bénéfique pour Marc Pena, candidat de Nouveau Front populaire, ancien doyen de la faculté de droit et élu métropolitain.
Françoise Cauwel, vêtue d’une robe prune et souriante, aborde courageusement les passants sur le marché en leur disant combien le premier tour est crucial. « Il ne faut pas se retrouver face à un choix entre les extrêmes. Il faut voter pour une France modérée. » Sa démarche suscite des réponses variées, mais fréquemment : « Votre président a commis des erreurs. Il n’a pas écouté le peuple. »/ « C’est déjà trop tard. » La veille, un groupe de jeunes adultes issus de l’immigration avait confronté la candidate. « Ils ont affirmé qu’ils voteraient pour Bardella…Ils pensent que la France doit descendre dans le chaos pour se rétablir. Cela m’a donné le sentiment d’avoir milité pendant quinze ans en vain », se désole-t-elle, encore sous le choc.
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