Après avoir terminé ses emplettes, Didier, qui a choisi de conserver son anonymat à l’instar de nombreuses autres personnes interrogées, était sur le point de rentrer chez lui avec sa fille, quand un paquet de prospectus portant l’inscription « Bardella premier ministre » l’a intrigué. Il s’est donc dirigé vers les membres du Rassemblement national (RN) qui étaient installés à l’abri du soleil, juste à l’arrière du marché de Royan (Charente-Maritime), pour leur exprimer son intérêt. « Voilà qui est captivant ! » s’exclame-t-il.
Didier, ancien gendarme de 66 ans à l’allure robuste et aux cheveux courts, témoigne d’une trajectoire politique qui l’a vu soutenir Mitterrand et Chirac, puis militer chez Les Républicains. Aujourd’hui, cependant, il se réjouit de l’alliance de Ciotti et du parti avec le RN. « Enfin, je suis sur le point de voter pour vous. Le programme me convient, et j’aspire à retrouver la fierté d’être Français. Les Républicains ne représentent plus que 7 % de l’électorat… Donc, sans hésitation, je voterai pour le RN. »
La popularité de RN est perceptible au marché de Royan, qui occupe un bel édifice d’époque post-guerre fraîchement rénové. Tandis qu’une dame décline l’offre du prospectus en déclarant : « Merci, j’ai une bonne mémoire », plusieurs autres promeneurs viennent spontanément engager la conversation avec les candidats.
Face à un étal d’huîtres, Pascal Markowsky semble être époustouflé. En 1988, il s’est présenté comme candidat pour le Front national de Jean-Marie Le Pen, où l’objectif était d’obtenir seulement 5 % des voix. Aujourd’hui, trente-six ans plus tard, il est fortement favorisé pour remporter l’élection prévue dans la 4e circonscription de Charente-Maritime. Il note combien les choses sont devenues plus faciles : la droite a disparu et les obstacles ont été éliminés, attirant ainsi plus de personnes vers eux. Il est optimiste quant à leur victoire, compte tenu de l’actuelle dégradation politique. Selon lui, au Rassemblement national (RN), ils n’assument pas le pouvoir, ils le récupèrent.
Séverine Werbrouck, sa femme et la déléguée départementale du parti, est également enjouée. Elle déclare que le parti a fait une percée en Charente-Maritime, ayant accumulé soixante adhésions la semaine précédente et soixante-quinze la semaine actuelle, tandis que les demandes de procuration affluent de tous côtés. Le parti est en pleine croissance.
La situation n’est pas unique à la 4e circonscription. Sur les cinq circonscriptions de la Charente-Maritime, actuellement dominées par les supporters de Macron, seule celle de La Rochelle semblerait rester entre les mains d’Oliver Falorni. Les quatre restantes pourraient basculer en faveur du RN, en particulier les deux qui sont partagées avec Royan.
Selon Patrick Marengo, le maire LR de la ville, le RN est assuré de remporter le 4ème tour. Il précise que Céline Drouillard, une commerçante locale, a gentiment accepté de représenter sa formation politique, même si c’est une tâche ardue, comparable à l’ultime combat de Dien Bien Phu. Lors des dernières élections, Raphaël Gérard, le candidat macroniste, a réussi à se faire réélire avec une mince majorité de 50,9% contre son adversaire Pascal Markowsky. Cependant, le parti RN ayant gagné en popularité à travers tout le pays, les balances politiques ont basculé. Gérard admet d’ailleurs que d’après les résultats des élections européennes, il ne passerait même pas le second tour. Il reste encore 60.53% de cet article à lire, disponible uniquement pour les abonnés.
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