Selon Pierre Allorant, professeur, historien et politologue à l’université d’Orléans, c’est la première élection législative importante du 21e siècle. Les Français semblent le comprendre, comme en témoignent les sondages prédisant une participation qui pourrait retrouver les taux élevés des années 90, entre 60% et 70%. Un autre signe de cet intérêt est le nombre record de procurations enregistrées – plus de 1,3 million le 23 juin, selon le ministère de l’Intérieur.
Les citoyens français ne se rendent pas aux urnes quand ils pensent que leur vote n’a pas d’importance. Avec la réforme du quinquennat introduite en 2002 et la tenue des élections législatives après l’élection du président, ils estiment que l’élection présidentielle détermine en grande partie le résultat. Ils ont tort bien sûr. Depuis 2002, la participation aux élections législatives est en baisse, tombant même sous les 50% en 2017.
Mais Pierre Allorant pense que cette fois sera différente. Le vote ressemble à celui de 1997, quand Jacques Chirac a dissous l’Assemblée nationale. À cette époque, sept électeurs sur dix s’étaient rendus aux urnes. Comme en 1997, les législatives déclenchées par Emmanuel Macron détermineront qui gouvernera, souligne le professeur. Brice Teinturier, lead adjoint de l’institut de sondage Ipsos, a déclaré au Parisien le 23 juin que les Français ont bien compris ce qui est en jeu : un changement de gouvernement est possible sans attendre 2027. Selon lui, cela « change la donne ». Teinturier conclut en disant que la situation est critique.
En rappelant l’enjeu historique, Pierre Allorant souligne que l’extrême droite pourrait devenir au pouvoir, ce qui n’est pas arrivé depuis 1940. Le Rassemblement National (RN) exhorte ses électeurs à voter. Le 18 juin, Jordan Bardella, considéré comme un potentiel Premier Ministre en cas de victoire, a affirmé sur Europe 1 que le peuple français a une opportunité unique de changer le cours de l’histoire politique du pays. Cependant, pour y parvenir, il a besoin d’une majorité absolue.
Les sondages montrent que la gauche rassemblée, soutenue par une dynamique positive, espère également obtenir une majorité absolue. Eric Coquerel, candidat du Nouveau Front Populaire (NFP) dans la première circonscription de Seine-Saint-Denis, voit ses chances augmentées. Il a souligné que lors des élections européennes, le RN a maintenu presque tous ses votes du premier tour de la présidentielle de 2022. En revanche, la gauche a une réserve de votes plus grande. Coquerel insiste sur l’importance que les électeurs, même ceux qui se sont découragés de la gauche, comprennent l’importance de cette élection.
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