Critiquer Emmanuel Macron est une stratégie bien connue des partis de gauche, comme l’ont démontré les événements du mardi 24 juin. Dans une école primaire du 11e arrondissement de Paris, Clément Beaune, le député sortant, a invité Daniel Cohn-Bendit, afin d’exprimer publiquement sa déception envers le président de la République. Dans son allocution devant une foule de plus d’une centaine de personnes, la plupart étant des personnes de plus de soixante ans, l’ancien leader du mouvement de mai 1968 a fustigé Emmanuel Macron, pour le plaisir du candidat de Renaissance.
« Je suis en colère contre Macron », a déclaré Daniel Cohn-Bendit au début de son discours, qualifiant le comportement du président de « perversité inacceptable ». Il a critiqué Macron pour jouer avec le sort du pays à l’approche des Jeux olympiques, et de ne pas être ancré dans la réalité.
L’ancien parlementaire européen du parti écologiste (1994-2014), d’abord élu en Allemagne puis en France, a par la suite reproché à Macron d’utiliser le langage de Jean-Marie Le Pen, notamment lorsqu’il critique le programme du Nouveau Front populaire (NFP) avec le terme « immigrationniste ». Il a également établi un parallèle entre Macron et Jean-Luc Mélenchon, le chef de La France Insoumise. À son avis, Macron est aussi immature que Mélenchon. « Il a suscité l’espoir à un moment, séduisant une large partie de la population française avec des propositions novatrices. Aujourd’hui, il ne propose plus rien. C’est la fascination du vide », a-t-il conclu. « Il s’est fait duper ».
« Clément Beaune, candidat pour la 7e circonscription de Paris, admet qu’il est en accord avec la majorité des opinions de Daniel, même s’il trouve que certaines de ses critiques vis-à-vis de Macron sont excessives », confie-t-il en marge d’une conférence. Beaune, qui avait mis Macron en vedette sur ses affiches de campagne en 2022, a retiré toute référence à ce dernier dans sa campagne actuelle.
Avant cette décision, Beaune avait été nommé à deux reprises ministre délégué dans l’administration Macron, d’abord responsabilisé de l’Europe, puis des Transports, entre 2020 et 2024. Il avait également été proche conseiller de Macron lors de son passage au ministère de l’Économie (2014-2016) sous François Hollande, et durant ses premières années à l’Élysée. Cependant, ces jours-ci, Beaune tente de prendre ses distances avec son ancien mentor, notamment sur la loi de l’immigration de décembre 2023, loi à laquelle il s’était opposé, ce qui lui avait coûté son poste ministériel.
Selon les mots de Daniel Cohn-Bendit, exprimés devant une audience : « Il a été trahi par le Président lorsque celui-ci lui a résisté. C’est ainsi que fonctionne Macron, s’il sent une hostilité envers lui, il riposte. »
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