Daniel Kudelka, assis avec sa femme Yvonne à la terrasse du Café Central à Montbéliard (Doubs), patiente pendant que sa voiture est en cours de réparation. En ce chaud après-midi de juin, le centre-ville est devenu un four. Le couple, dont Daniel a 80 ans et Yvonne 70 ans, s’est toujours identifié comme étant « de droite et gaulliste ».
L’ancien chef d’une entreprise de design se remémore aussitôt une anecdote de son passé avec une pointe de nostalgie : « Savez-vous que j’ai assisté à la première tentative d’attentat contre le général de Gaulle au début des années 1960 ? » Il habitait alors à Romilly-sur-Seine (Aube). Deux bidons d’essence cachés sous du sable avaient détoné lors du passage de la DS présidentielle en route vers Colombey-les-Deux-Eglises (Haute-Marne), sans causer de dommages. Il se rappelle « des gendarmes et de leurs mitraillettes ». Est-ce ce qui a initialement éveillé sa conscience politique ? « J’avoue qu’à l’époque, je votais pour le RPR », concède-t-il.
Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, Daniel et Yvonne Kudelka votent pour le Rassemblement National (RN). Ils sont loin d’être les seuls dans leur région. En 2022, lors du deuxième tour, la candidate du RN pour la 3e circonscription du Doubs, Nathalie Fritsch, a été très proche de dépasser son adversaire de Ensemble, Nicolas Pacquot, en obtenant 49,2% des voix.
« Nous en avons assez en général ».
Dans la quatrième circonscription voisine, qui est une partie indissociable du « bassin Peugeot », Géraldine Grangier, la représentante régionale RN de Bourgogne-Franche-Comté, s’est imposée avec un pourcentage de 51%. Bien que Jordan Bardella ait obtenu seulement 29,4% des suffrages à Montbéliard lors des élections européennes, le parti compte beaucoup sur le nord du Doubs pour ces législatives. « Il y a une fatigue générale », admet Daniel Kudelka.
Pour le Rassemblement national, la possibilité de remporter la troisième circonscription a déclenché des ambitions internes. Jacques Ricciardetti, le délégué départemental, espérait être le candidat. Malheureusement, le parti a décidé de soutenir Nathalie Fritsch, considérée comme la « candidate légitime ». Puis il y a eu un retournement soudain : l’investiture du RN a finalement été accordée à Matthieu Bloch, secrétaire départemental des Républicains, clerc de notaire de 41 ans, maire de Colombier-Fontaine et proche collaborateur d’Eric Ciotti. À Montbéliard, certains soupçonnent un accord plus étendu qui pourrait être mis en application pour les élections municipales en 2026. « Hors de question », rétorquent les militants des deux partis.
Matthieu Bloch semble très heureux de cette opportunité, alors que la candidature LR originale, qui était manifestement destinée à perdre, a été confiée à Philippe Duvernoy, adjoint au maire de Montbéliard. Bloch affirme son désir de vaincre « le front de gauche ». Selon lui, l’union des droites « suscite un enthousiasme incontrôlable chez les gens qui disent : ‘Enfin, vous avez compris !' ».
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