Philippe Poutou, une figure emblématique du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et maintenant soutenu par le Nouveau Front Populaire (NFP), se lance dans une bataille difficile dans le département de l’Aude contre le député sortant du Rassemblement national (RN). Bien qu’à contrecœur, Poutou, qui ne souhaitait pas s’impliquer dans une telle situation, veut combattre la droite radicale dans cette région, suscitant l’indignation d’une partie de la gauche locale.
Distribuant des tracts devant l’hôpital de Carcassonne, l’ouvrier et syndicaliste qui s’est présenté trois fois à la présidentielle, admet qu’il ne connaît pas bien la région et aurait préféré se présenter à Bordeaux, où il est conseiller municipal. Toutefois, il est résolu à s’investir dans la lutte politique pour empêcher la victoire de l’extrême droite. Il affirme vouloir rejoindre le mouvement de la gauche bien qu’il reste réaliste sur les défis à relever. Il reconnaît que ce serait un coup de maître si en deux semaines, ils pouvaient renverser la situation dans une région où l’extrême droite a une assise forte.
Dans l’Aude, l’extrême droite a pris le contrôle des trois sièges de députés en 2022. La première circonscription, centrée autour de Carcassonne et où Poutou se présente, est tenue par l’ex-vigneron Christophe Barthès, qui l’a gagnée avec 53,22% des voix contre un candidat de la Nupes il y a deux ans. La gauche locale reste fragmentée, avec une partie de ses élus, notamment les socialistes, qui s’opposent à l’arrivée du candidat du NPA, et soutiennent le candidat Aurélien Turchetto, maire de Villesèquelande, et déjà candidat en 2022 pour le Parti Radical de Gauche.
Le jeune édile est furieux à l’idée que Poutou, « cette personne venant de Bordeaux et mandatée par Paris », ait fait son apparition. « Il n’existe qu’une seule candidature NPA en France, et elle se trouve dans le département de l’Aude. C’est une insulte à notre département. Nous ne devrions pas servir de décharge à Paris », déclare-t-il. Se décrivant comme le candidat « du courage » et « de la région », ce fonctionnaire local a été plébiscité par la présidente socialiste de la région, Carole Delga. Pourtant, dans les deux autres circonscriptions de l’Aude, elle soutient les candidats NFP, mais dans ce cas, elle a critiqué la « décision irresponsable et perdante » de Philippe Poutou.
Du côté du Rassemblement National, on suit la situation avec amusement : « pour être honnête, cela me convient d’une certaine manière », avoue Christophe Barthès qui se déclare « plutôt optimiste », surtout qu’aucun candidat des Républicains ne se présente dans la circonscription. Néanmoins, malgré son intérêt pour la situation, la présence du candidat NPA dans l’Aude ne laisse pas indifférent le député sortant. « Je suis exaspéré par la présence de cet homme ici! », s’exclame-t-il devant la mairie de Trèbes. « C’est une provocation (…). Il n’a pas condamné le massacre des juifs le 7 octobre. Il défend le terrorisme islamiste (…) C’est inimaginable! », ajoute le candidat du RN, en concluant : « Les Audois ne veulent pas de cet homme. »
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