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« Législatives 2024: Campagne sans réflexion fondamentale »

Lundi 17 juin est le début actif de la campagne des élections législatives, opposant deux chronologies intensives: d’une part un présent surchargé et d’autre part un passé manipulé. L’unique futur glorifié est celui de la confusion alarmante, un danger mis en avant avec audace par ceux qui en sont majoritairement les faiseurs.

Le ralentissement minimal de vingt jours précédant les élections après une dissolution a été décidé par le constituant. Ces vingt jours voient un présent hypertendu, où l’urgence devient une conseillère à la fois mauvaise et incontournable. Les candidatures soumises rapidement sont moins diverses et moins équilibrées en termes de genres, avec des programmes élaborés en quelques heures seulement, sacrifiant la cohérence et la faisabilité. L’omniprésence des médias sociaux est indéniable, du président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, mangeant des bonbons sur TikTok avant un rassemblement politique, aux instantanés partagés sur BeReal – une application de partage d’images en direct – par le Premier ministre, Gabriel Attal.

L’épreuve de cette campagne accélérée est préoccupante à deux titres. Elle occulte toute réflexion programmatique approfondie et encourage l’adoption de promesses impossibles à tenir. Elle porte donc atteinte à l’avenir, validant un renforcement inévitable de la déception et de la méfiance. Ensuite, elle est perçue uniquement à travers le prisme de ses coups quotidiens, ses ralliements et reniements, ses déclarations ou ses insultes. Les citoyens français, stupéfaits, ont suivi les évolutions minute par minute de cette comédie malheureuse qui n’avait rien de l’éclat des séries politiques préférées à la comparaison.

« Souvenir intangible ».

L’excès d’informations atteint un degré maladif, mais peut-on encore appeler cela de l’information ? L’analyste politique est submergé et impuissant, pourtant, il est obligé de faire face et d’alimenter la machine incessante des chaînes d’information en continu. Il donne son avis, se trompe parfois ou se contredit, tout comme les hommes politiques qui font des promesses, reculent souvent et se rétractent. Mais comment pourrait-il en être autrement ?

Ajoutez à cela, malheureusement, une nouvelle tendance récente à exploiter les crimes les plus tragiques. A gauche, tout essai pour reprendre le discours de l’appel à la rêverie et aux futurs prometteurs est intercepté puis bloqué par des purges et des règlements de comptes. Loin de la revendication du primat des valeurs et des idées, l’obsession du leader, alimentée par un bonapartisme incurable, domine tout.

Également, la distorsion du passé. Déjà, la campagne pour les élections européennes se focalisait excessivement sur des questions historiques, dans un contexte mémoriel dominé par les commémorations du Débarquement de 1944. « On ne peut rien faire si l’anniversaire du Débarquement a lieu chaque année le 6 juin », rétorquaient, avec humour, les conseillers de l’Élysée. Dès le 10 juin, au lendemain de la dissolution, le président de la République se revêtait des vestiges d’une mémoire sacrée à Tulle et à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), en invoquant, avec le président allemand, le souvenir des catastrophes de la barbarie nazie.

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