Est-ce que le Rassemblement national (RN) dévoilera son programme gouvernemental avant les élections législatives des 30 juin et 7 juillet ? La décision n’est pas encore prise, même si plusieurs cadres du parti poussent pour un discours de politique générale de Jordan Bardella, qui expliquera le financement des mesures proposées. Pour le moment, l’extrême droite a répondu à l’urgence : un manifeste, dévoilé le 13 juin par Le Figaro, a été envoyé à l’imprimerie. Il contient huit points essentiels, certains représentant des mesures précises, d’autres des intentions plus vagues. Le parti d’extrême droite y aborde des thèmes comme le pouvoir d’achat, la sécurité, l’immigration et la santé – pas un mot sur l’environnement, l’éducation ou les retraites.
Ce dernier point a suscité des débats internes. Il illustre la stratégie du parti dans cette campagne rapide : « Nous adoptons un ton prudent pour rassurer, en particulier les marchés, admet l’ancien député de la Somme Jean-Philippe Tanguy, potentiel ministre de l’Économie de Jordan Bardella. Ils ne permettront pas au RN de faire dérailler les comptes, contrairement à ce qui est accordé à Emmanuel Macron. Nos premières décisions budgétaires ne généreront pas de déficit supplémentaire. »
Alors que la perspective du pouvoir devient de plus en plus concrète, le RN veut sortir des discours de tribune et semble déjà se préparer à abandonner certaines mesures. Ainsi, Jordan Bardella a annoncé le mardi le report de la mise en œuvre de la réforme des retraites à la mode lepéniste, tant vantée lors de la lutte contre la réforme d’Emmanuel Macron, pour 2023. Le parti continue de soutenir que la réforme macroniste ne profite pas à l’État, mais prévoit son abrogation pour la seconde partie d’un éventuel mandat.
Selon l’information de Le Monde, certains dispositifs ne seraient pas présent dans le premier budget d’un gouvernement du parti RN, parmi ceux-ci, la disparition de la TVA sur une centaine de produits de première nécessité, l’abattement total d’impôts pour ceux âgés de moins de 30 ans, et un allègement plus significatif des droits de succession. Pour expliquer cela, Jordan Bardella donne une raison familière à celle de nombreux premiers ministres avant lui : « L’état économique dont nous sommes sur le point d’hériter est (…) complexe. (…) Je serai obligé de prendre des décisions. »
Un « contrat moral » avec l’électeur
En conversant avec ses intimes, Marine Le Pen révèle que le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, lui a fortement recommandé d’ « ouvrir le capot » si elle envisageait de diriger le pays un jour. C’est exactement ce qu’elle prévoit de faire : une revue des comptes publics serait sollicitée auprès de l’Inspection Générale des Finances et de la Cour des Comptes. « Cela n’a jamais été réalisé », a déclaré Jordan Bardella, mardi, sur France 2 – c’est en fait une pratique courante lors d’un changement de front. L’objectif étant d’imputer aux anciens dirigeants d’avoir dissimulé des secrets dans les placards du Ministère de l’Économie, et d’augmenter les prévisions de déficit afin de justifier les renonciations du programme ou l’instauration de nouveaux impôts.
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