L’administration, qui tacle à la fois l’extrême droite et l’extrême gauche, a profité de l’opportunité. Le Nouveau Front populaire, une coalition de la gauche, a rendu publique son programme économique le vendredi 14 juin, un programme que le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a immédiatement qualifié de « pur délire » lors de son intervention sur Franceinfo le même jour. « C’est 1981 multiplié par dix », a-t-il affirmé, brandissant la menace du « chômage élevé », du « déclassement » et du « départ de l’Europe ». « Préparez-vous au pire ! », a-t-il mis en garde.
Bien qu’il ne soit pas encore chiffré à ce stade, le programme du « NFP » contient effectivement plusieurs propositions qui pourraient alarmer les responsables budgétaires de son ministère, notamment dans un contexte de dégradation des comptes et de tensions sur les marchés : l’abrogation des réformes de l’assurance-chômage et des retraites, une hausse de 10 % des aides au logement, la sortie des directives budgétaires européennes, la création d’emplois subventionnés, une augmentation de 10% du point d’indice des fonctionnaires, une garantie universelle des loyers, l’augmentation du nombre de fonctionnaires, une hausse du budget de certains ministères – le budget du sport passerait à 1 % du budget total (soit 5 milliards), et celui de la culture à 1 % du produit intérieur brut (PIB), soit 26 milliards d’euros.
Il y a des stratégies qui ne reçoivent pas un accueil chaleureux à Bercy, et plus largement dans l’arène financière, non pas en raison de leur coût élevé mais parce qu’elles sont perçues comme ayant un impact négatif sur l’économie. Parmi elles, le fait de lier les salaires à l’inflation, qui est souvent accusé de contribuer à l’escalade des coûts, ou l’augmentation du salaire minimum à 1600 euros, que certains spécialistes affirment qu’elle pourrait nuire à l’emploi. La remise en cause du libre-échange, que la plupart des entreprises soutiennent vivement, est également mal vue. De même, le rejet des règles budgétaires européennes, qui soutiennent la monnaie unique et s’appliquent à 27 pays membres n’est pas bien reçu. Comme le disait Bruno Le Maire vendredi, » On peut toujours faire des promesses audacieuses, comme garantir un salaire moyen de 2000 euros à tout le monde, mais si on ignore la réalité économique, elle pourrait bien nous rattraper. » C’est un défi complexe.
Le Nouveau Front Populaire a réfuté les allégations de négligence budgétaire, affirmant que son programme 2022 était finalisé – c’est-à-dire que les dépenses étaient couvertes par de nouveaux revenus, réduisant au bout du compte le déficit public. En outre, l’organisation s’est engagée à instaurer un budget rectificatif dès cet été dans le but de mettre fin aux privilèges des milliardaires. Pour y arriver, des mesures ont été présentées vendredi dernier qui visent à taxer les individus les plus fortunés ainsi que les grandes entreprises et à limiter les avantages fiscaux. Non seulement les entreprises pourraient voir leurs subventions et leurs réductions de cotisations diminuées, mais leurs impôts pourraient également augmenter, avec une imposition plus importante sur les transactions financières et sur les « superprofits » des industries agroalimentaires et du commerce de détail. Les ménages les plus riches pourraient de nouveau être soumis à l’Impôt sur la Fortune (ISF), avec une composante climatique, la taxation du capital (suppression de la « flat tax »), l' »exit tax » pour ceux qui ont déménagé à l’étranger, et l’impôt sur l’héritage pourrait également être renforcé, en visant les grandes fortunes. Les contributions sociales sur les salaires les plus élevés ainsi que sur les revenus financiers (dividendes, participations, épargne salariale et heures supplémentaires) seraient également augmentées. Veuillez noter qu’il reste 45,34% de cet article à lire, le reste étant réservé aux abonnés.
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