Une semaine après la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, les motivations à l’origine de cette résolution ne sont pas tout à fait claires. Certes, en tant que chef de l’État, Macron a tout à fait le droit de déclencher des élections législatives avant l’heure, conformément à l’article 12 de la Constitution. Cependant, cette action significative – aussi solennelle et puissante qu’elle puisse être, comme il s’en est vanté lors de sa conférence de presse le mercredi 12 juin – doit être comprise par les Français, qui sont appelés à voter les 30 juin et 7 juillet.
Trois justifications ont été proposées par le président et son équipe pour assurer qu’il ne s’agit pas d’un geste insensé ou d’un caprice personnel. La première consistait à dire que l’équilibre parlementaire, marqué par une majorité relative et un certain « désordre » dans l’hémicycle, devenait de plus en plus difficile à maintenir. Cependant, la première ministre Elisabeth Borne a réussi à faire adopter plus de cinquante textes en moins de vingt mois, malgré l’absence de majorité absolue et le désordre ambiant depuis 2022. Elle a souligné cette réalité face aux députés de Renaissance au lendemain de la dissolution. Son remplaçant, Gabriel Attal, envisage même de continuer sur cette lancée. Certes, cette situation était psychologiquement éprouvante pour le gouvernement, mais probablement moins problématique que celle à laquelle pourrait faire face la future Assemblée nationale : une tripartition qui pourrait conduire à une impasse bien plus sérieuse, sans possibilité de dissolution pendant une année.
La probabilité d’un vote de censure automnal a été envisagée comme inévitable. C’est quelque chose que Richard Ferrand, l’ancien président de l’Assemblée nationale, aurait appris de Eric Ciotti, le leader des Républicains (LR). Ferrand aurait ensuite partagé cette information avec l’Elysée. Cependant, cette perspective semblait assez improbable, sachant que pour proposer une telle motion, il faut que 58 députés signent en faveur de celle-ci, alors que le groupe LR en compte seulement 61 et qu’un tiers d’entre eux n’était pas en faveur d’une telle motion. Si une motion de censure provoquait une dissolution à l’automne, cela aurait été parfaitement logique.
Ensuite, l’argument du « vote sur l’Europe » du 9 juin a été mentionné, un vote qui, pour Emmanuel Macron, a été « évident ». Face à un score sans précédent de près de 40 % pour les forces d’extrême droite, il a estimé nécessaire une réponse démocratique. Cependant, le lien entre l’élection européenne et une dissolution n’a pas été clairement établi. Cette dissolution suite à une déroute électorale est une première sous la Ve République. Les élections des eurodéputés n’ont jamais eu d’impact notable sur la politique française. Par exemple, en 2014, malgré l’échec retentissant de la liste du Parti socialiste (PS), dirigée par Jean-Christophe Cambadélis (14% des voix) – qui a terminé troisième derrière le Front national (25%) et l’Union pour un mouvement populaire (21%), alors que François Hollande était président depuis deux ans – les seules conséquences ont été le remplacement d’un secrétaire d’État.
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