A l’occasion d’une conférence de presse tenue à Paris, au Pavillon Cambon Capucines, et en présence de membres du gouvernement et de journalistes, Emmanuel Macron a dévoilé son plan stratégique en vue des législatives anticipées, 18 jours avant. Un évènement surprenant a eu lieu le dimanche, lorsque le président de la République a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale suite aux résultats des élections européennes qui positionnaient son parti bien derrière le Rassemblement national (RN). Cette conférence a été l’occasion pour lui de lancer la campagne du parti au pouvoir et de définir la direction à suivre, déroulant un programme aux tonalités de droite. Le but est « de pouvoir gouverner », a-t-il affirmé, en assurant qu’il ne voulait pas « laisser les rênes du pouvoir au Rassemblement national en 2027 ».
Il a abordé plusieurs points pendant son intervention.
• La dissolution de l’Assemblée nationale
Emmanuel Macron a justifié cette décision en mettant en avant la majorité relative dont dispose Renaissance à l’Assemblée nationale depuis sa réélection en 2022. Malgré la réalisation de plusieurs actions, la prise de décisions et le passage de textes importants « cette situation a rendu le travail moins clair et nous a malheureusement empêché de construire des alliances durables », a déploré le président de la République.
M. Macron a reproché « le comportement en particulier de certains députés de La France insoumise », qui ont, selon lui, semé « la confusion » à l’Assemblée, créant une situation anxiogène pour les citoyens qui ne se reconnaissent plus dans nos institutions ».
Le Président de la République a exprimé ses préoccupations concernant la situation politique, définissant l’équilibre du Parlement comme insupportable, et notant le désir récurrent des opposants de mettre en place une motion de censure en automne. Selon Emmanuel Macron, cela crée un impasse qui finirait par empêcher l’action gouvernementale, une solution intolérable pour la France.
Macron a évoqué les résultats des élections européennes de dimanche dernier, où les partis d’extrême droite ont obtenu près de 40% des voix et les extrêmes près de 50%. Pour lui, c’est une réalité politique incontestable, mettant en exergue l’inquiétude du peuple sur les enjeux de sécurité, d’immigration et de pouvoir d’achat. En réponse à ces préoccupations, il a jugé que l’indifférence ou le déni n’étaient pas une option et qu’une réponse démocratique était nécessaire. Il estime qu’un seul moyen permettrait d’élucider ces questions – la dissolution.
Macron a déclaré avec confiance que la dissolution est un principe démocratique qui doit être compréhensible pour le peuple. Il a revendiqué pleinement cette décision.
Il a également évoqué une possible cohabitation avec le RN. Pour le président, les deux tiers des Français soutiennent et souhaitent cette dissolution. À ses yeux, l’extrême droite gagne en force, mais tout le monde reste préoccupé par sa propre affaire. Il s’est engagé à ne pas céder le pouvoir à l’extrême droite en 2027. Il veut un gouvernement capable de répondre aux besoins du peuple français.
Selon lui, l’anticipation des élections législatives permettra aux forces politiques sélectionnées par les citoyens de gouverner. Macron a imploré ceux qui craignent ce changement à agir maintenant.
Rejetant l’idée d’une démission potentielle suite à une défaite aux élections législatives, Emmanuel Macron a qualifié cette proposition d' »absurde ». Le président a rappelé qu’il a été élu deux fois et a rejeté ce qu’il appelle un « canard inexistant ». Quant aux développements politiques récents, Macron observe que « les vrais visages se dévoilent » depuis l’annonce de la dissolution dimanche soir. Il considère les législatives anticipées comme un moment révélateur pour distinguer ceux qui sont préoccupés par leurs intérêts par rapport à ceux qui visent à faire avancer la France.
Macron a également commenté la récente crise politique à droite, suite à la décision d’Eric Ciotti, président des Républicains (LR), de s’allier avec le Rassemblement National (RN). Macron a exprimé son dépit face à cette alliance, affirmant que « la droite républicaine, du moins son représentant, s’est associée pour la première fois avec l’extrême droite ». Selon lui, Ciotti, qui a conclu « un pacte infernal », renie l’héritage du général de Gaulle, de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. Il a ironisé sur la position de Ciotti, qui préconise la retraite à 65 ans, en s’alliant avec le RN, un parti qui avait combattu la réforme des retraites adoptée en 2023.
Dans sa réflexion sur les manœuvres politiques de la gauche, incluant les socialistes, les « insoumis », les écologistes et les communistes, il a exprimé une raillerie vis-à-vis des unions « contre nature ». « La gauche républicaine et ses leaders, qui ont semble-t-il affiché des choix précis lors de la campagne européenne, se sont alliés à l’extrême gauche, qui a été accusée d’antisémitisme, de communautarisme et d’antiparlementarisme au cours de la même campagne », a-t-il déploré.
M. Macron a dénoncé ces « mécanismes de bricolage » et ces « alliances anormales aux deux extrémités, [entre des partenaires] qui n’ont presque rien en commun, sauf les postes à attribuer, et qui ne pourront pas appliquer un programme spécifique ».
Il a promis une « autorité républicaine » et une « fermeté » dans le respect des « valeurs » de la République. En cas de succès aux élections législatives, le président de la République a évoqué les « priorités » et la « méthode » de gouvernement qu’il souhaite instaurer. Il a en particulier promis « l’autorité républicaine à tous les niveaux », « plus de fermeté », « mais dans le contexte de la République et de ses valeurs », en contraste avec « les deux extrêmes » qui se situent hors de ce domaine selon lui.
Pour atteindre ces objectifs, il s’est engagé à « réduire l’immigration illégale » par la mise en œuvre des textes européens, mais aussi par une « prise en main par l’État et une meilleure gestion de la question des mineurs non accompagnés », qui sont « un problème de sécurité » selon lui. Il souhaite également répondre « avec plus de fermeté » à la « croissance de la violence des mineurs qui sape la cohésion nationale ».
Laïcité.
Le président français, Emmanuel Macron, s’est engagé à lancer un « grand débat sur la laïcité » avec des « résolutions claires sur les dossiers qui doivent être résolus et décidés », arguant que la « religion ne doit [pas] permettre de contourner les lois de la République ou de s’ériger au-dessus de celle-ci ».
Il a de plus émis l’idée d’interdire l’utilisation du téléphone « avant 11 ans » et l’accès aux réseaux sociaux « avant 15 ans », sans pour autant préciser sa méthodologie pour appliquer une telle interdiction. Il a déclaré : « Il est nécessaire d’établir un âge pour la majorité numérique, cela protège et il faut se préparer pour cela ». Cette idée reprend un rapport présenté au président par une commission d’experts sur l’impact de l’exposition des jeunes aux écrans.
Le projet de fixer l’âge de la majorité numérique à 15 ans était déjà présent dans le programme de la majorité présidentielle pour les élections européennes. Cependant, la manière de mettre en œuvre une telle mesure reste à préciser.
Concernant l’aide sociale à l’enfance et l’éducation, le président Macron a déclaré son intention d’étendre le service national universel, critiqué par une partie de l’opposition, d’ici la rentrée 2026, pour « rétablir des rites républicains ».
Il a également promis de « reconstruire notre aide sociale à l’enfance » et de « reconstruire notre école républicaine » en « redonnant le pouvoir aux professeurs qui auront plus de liberté pédagogique, aux directeurs qui pourront recruter plus librement ». Il prévoit également des « contrats avec les parents », « le renforcement de l’enseignement des mathématiques, remplacer les heures d’absence, améliorer l’orientation ».
En matière d’énergie, il a annoncé la construction de « huit nouveaux réacteurs nucléaires ».
Le chef de l’État a effectivement confirmé son intention de bâtir « huit réacteurs nucléaires » de type EPR2. Selon lui, ils sont « essentiels » pour la transition énergétique du pays, qui cherche à se détacher de l’utilisation des combustibles fossiles. En février 2022, même avant le conflit en Ukraine, le président avait dévoilé une politique de revival du nucléaire très ambitieuse, incluant la construction de six réacteurs de nouvelle génération, avec une possibilité d’en ajouter huit de plus.
En ce qui concerne le pouvoir d’achat, Emmanuel Macron estime que le « travail devrait être mieux rémunéré » et être « plus audacieux pour redistribuer de manière plus équitable les revenus du travail et la richesse ». Il est particulièrement intéressé à étendre les primes Macron, exemptes de charges et d’impôts, aux indépendants. Il milite également pour la réouverture du sujet important des emplois à temps partiel rémunérés sous le SMIC, alors que le nombre de salariés au niveau du salaire minimum n’a jamais été aussi élevé.
Dans le domaine du logement des jeunes, le Président a émis un « mea culpa ». « C’est un sujet où nous n’avons pas progressé assez et où la France a été trop réservée, et j’en assume la responsabilité », a-t-il annoncé.
Emmanuel Macron a garanti que les pensions de retraite resteraient « correctement indexées sur l’inflation », contrairement aux déclarations du Rassemblement national qui prétend que le gouvernement cache un « agenda secret » sur ce sujet.
« Le pouvoir d’achat des retraités n’est pas un paramètre modifiable », a affirmé M. Macron, qui a reproché aux « blocs d’extrême gauche » et « d’extrême droite » de mener le système de retraite « à la faillite » en proposant de renverser la réforme des retraites de 2023.
Le texte fait également mention d’une suppression d’un échelon territorial.
Emmanuel Macron discuté l’élimination d’un niveau territorial pour simplifier et donner plus de liberté aux régions. Il a insisté sur le fait qu’il est important de reconsidérer les grandes régions que François Hollande avait établies, lesquelles ont, selon Macron, rendu la prise de décision politique plus lointaine pour les citoyens.
En ce qui concerne la loi électorale sur la Nouvelle-Calédonie, Macron a choisi de la mettre en suspens pour permettre une conversation plus approfondie et un retour à l’ordre, suite à un projet de loi constitutionnelle qui a entrainé plusieurs semaines d’instabilité dans l’archipel.
Au sujet des réformes actuellement en discussion à l’Assemblée nationale, la réforme de l’assurance chômage devait être mise en place dès juillet, est importante pour le pays, selon Macron. Toutefois, il semble reconnaître la nécessité d’une certaine temporisation en raison du contexte électoral. Il a expliqué que le progrès de la réforme sera décidé après les élections, que ce soit par l’Assemblée ou par un décret. Macron a maintenu que la reforme a été bien préparée par le gouvernement, tout en laissant la possibilité d’une modification si certaines parties souhaitent l’améliorer.
Emmanuel Macron a donné son appui aux projets de loi concernant la fin de la vie et l’agriculture, mais n’a pas hésité à souligner le rôle de son administration dans la réduction des impôts sur une période de sept ans. Il a rappelé sa réalisation principale, à savoir l’abolition de la taxe foncière et de la redevance audiovisuelle, ce qui a engendré une réduction des impôts de 30 milliards d’euros pour les citoyens.
En ce qui concerne la réforme de l’audiovisuel public, M. Macron a exprimé son désir d’un texte législatif apaisé. Il a affirmé qu’une réforme est nécessaire pour l’audiovisuel public, tout en insistant sur le fait qu’il ne souhaitait pas un retour à l’ORTF.
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