A partir du mont Aigoual jusqu’à la frontière de la Méditerranée, il est clair que le label dominant est celui du Rassemblement national (RN). Le RN a réussi à faire une nouvelle incursion impressionnante dans le département du Gard, un territoire déjà fortement incliné vers l’extrême droite, recueillant 40,42% des voix, soit 8 points de plus qu’en 2019, et étendant considérablement son influence jusqu’aux terres intérieures. Même dans les hauteurs cévenoles de la cinquième circonscription, qui avait auparavant résisté, l’ancien bastion rouge s’est effondré.
La liste dirigée par Jordan Bardella frappe avec des pourcentages qui rendent les électeurs de gauche pâles – 26% à Saint-Jean-du-Gard, un bastion des Camisards, 46,3% à Sainte-Cécile-d’Andorge (qui compte 550 résidents), et 36,6% à Saint-Sauveur-Camprieu, près de la station de ski Alti Aigoual. Elsa, une femme dans la trentaine et professeur d’école primaire, s’exprime simplement: « Je suis triste, je suis déçue, je suis en colère ».
Dans cette région, où les paysages panoramiques se succèdent, dominée par l’industrie minière et la sériciculture, et marquée par les conflits religieux et une tradition de résistance, la classe ouvrière a longtemps favorisé les partis d’extrême gauche. C’était un vote presque inné, transmis de génération en génération, tout comme son penchant pour le syndicalisme.
Ces derniers temps, le soutien autrefois robuste à la gauche radicale semble se fissurer. Le poids politique qu’elle détenait lors des élections n’est plus aussi évident, et l’extrême droite semble progresser. Emmanuel Grieu, le maire de Mandagout, une des rares communes où La France Insoumise est au premier plan (24%), admet qu’il y a des signes subtils d’un changement. Il y a une distinction claire entre les habitants locaux et les nouveaux venus dans les Cévennes.
La région est également frappée par une baisse du pouvoir d’achat et une crise rurale. Le nombre d’agriculteurs diminue progressivement et les services publics s’éteignent les uns après les autres. Roland Fruytier, résident de Saint-Jean-du-Gard, souligne une désenchantement évident et une attitude anti-européenne assez prononcée. Le désaccord dans les rangs de la gauche est si profond que les gens ne savent plus où se situer et la désintégration semble le seul moyen de résoudre le chaos. Cependant, il pense que peut-être, l’éclatement pourrait agir comme un réveil, avec l’espoir d’une coalition de gauche.
Marielle, son épouse, est perplexe quant à l’absence du vote écolo dans une région en prise avec le changement climatique et de plus en plus victime des intempéries liées aux épisodes cévenols.
Mouvement négatif.
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