« Loïg Chesnais-Girard, le président de tendance gauche de la région de Bretagne, était stupéfait le dimanche 9 juin lorsqu’il a parlé au téléphone. Les scores de l’élection européenne étaient indiscutables. Le Rassemblement national (RN), a dominé à travers tous les départements bretons avec 25,59% des votes. C’étaient des chiffres inédits dans cette région qui est connue pour sa résistance aux idéologies de l’extrême droite. «La Bretagne n’est pas immunisée contre les peurs ou l’épuisement démocratique qui sévit dans le pays. Un grand nombre de nos citoyens ont saisi cette opportunité de l’élection, qu’ils jugent distante, pour exprimer leur mécontentement avec moins de contrôle qu’ils ne le feraient dans une élection locale», a déclaré Chesnais-Girard. Il s’est empressé d’indiquer le score «unique» du RN à six points en dessous de la moyenne nationale.
Malgré cela, ce résultat est un choc sévère. «Un tremblement de terre», jubile Gilles Pennelle, le directeur général du RN et député européen élu. En 2013, il avait repris le contrôle de la fédération régionale du parti, dont personne ne voulait s’occuper. Malgré son passé d’association avec l’extrême droite raciale, cet ancien professeur d’histoire a réussi à promouvoir les idées du RN localement. »
Auparavant sujet de honte, l’adhésion au nationalisme est désormais affichée ouvertement après les élections. Au sein d’Uzel, une commune rurale de Côtes-d’Armor, deux retraités, José et Suzanne Diaz, qui ont travaillé à Paris, incitent à « tenter » le vote Bardella en réponse à l’inflation. Maurice et Armelle Le Flohic, ayant travaillé dans l’agroalimentaire, sont en accord et souhaitent mettre un terme au « déficit d’autorité » du gouvernement, à une jeunesse « réfractaire au travail » et à l’immigration qu’ils craignent malgré leur non-exposition.
Des entrepreneurs, des dirigeants, des étudiants et des travailleurs agricoles du voisinage se joignent à eux, exprimant un sentiment d’abandon dans cette région rurale de Bretagne où les services publics et les commerces sont en déclin. Ils estiment que les solutions apportées à la crise agricole du début de l’année ne sont pas suffisantes. À Uzel et dans de nombreuses autres zones rurales environnantes, l’Europe n’est guère mentionnée, mais beaucoup espèrent « une raclée » pour Emmanuel Macron, emblème d’une classe politique détestée. Le vote pour le RN n’est plus perçu comme un avertissement, mais comme le signe d’un « désir profond de changement ».
Les préfectures et villes de taille moyenne tiennent bon
En 2019, la liste de Jordan Bardella avait obtenu 17,31 % des votes, principalement dans la campagne bretonne. Lors de l’élection présidentielle de 2022, Marine Le Pen a augmenté sa popularité pour atteindre 19,53 % des votes. Aujourd’hui, la popularité de l’extrême droite continue de croître, y compris dans les banlieues, bien desservies par les transports publics et bien pourvues en équipements publics. Seules les préfectures et certaines villes de taille moyenne résistent à la poussée RN.
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