En annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale et la programmation d’élections législatives précoces les 30 juin et 7 juillet, le chef de l’État français, Emmanuel Macron, a déclenché une tempête dans le paysage politique français, dont les impacts ont atteint les pages des médias internationaux.
Outre-Rhin, la coalition du chef du gouvernement Olaf Scholz a été affaiblie par l’élection européenne, et Die Zeit caractérise la décision du dirigeant français comme un « jeu risqué ». « Est-ce qu’Emmanuel Macron est devenu insensé? A-t-il perdu sa retenue et expose-t-il maintenant son pays à Marine Le Pen? Ou est-ce que le dirigeant français est véritablement convaincu qu’il peut réussir dans les trois semaines suivantes ce qu’il n’a pas pu réaliser pendant les dernières années, c’est-à-dire freiner la montée de l’extrême droite? » se questionne l’hebdomadaire politique allemand respecté, déconcerté par la décision présidentielle.
Le journal allemand Die Zeit caractérise le résultat électoral du camp présidentiel comme une « débâcle majeure » (obtenant seulement 15,2 % des votes comparé au double obtenu par la liste du Rassemblement national dirigée par Jordan Bardella). Par ailleurs, El Pais, le quotidien espagnol, interprète le résultat comme une « dégradation électorale », tandis que The Guardian décrit ce revers dans les élections européennes comme une « humiliation amère » pour le dirigeant français. Selon l’éditorial du quotidien britannique, Emmanuel Macron « flirte avec le danger politique » en prenant un « choix étonnamment audacieux », dont le résultat sera attentivement observé par l’Europe entière. « Dans le cadre du conflit de Vladimir Poutine en Ukraine (…), M. Macron s’est érigé en défenseur (…) d’une Europe plus forte, plus soudée et plus audacieuse. Il a maintenant décidé de défier Mme Le Pen, qui a une histoire de sympathies pro-Poutine et souhaite perturber l’Union européenne de l’intérieur (…). Un défi décisif se dessine non seulement pour la France, mais aussi pour l’Union européenne dans son ensemble. »
Le journal belge Le Soir tente de déchiffrer « le coup de théâtre colossal » par la volonté du Président de devancer le RN. « Emmanuel Macron espère que le RN ne pourra pas recruter assez de candidats crédibles à l’échelle nationale. Il compte également sur les divisions à gauche et prévoit une période difficile à venir à l’automne », soulignant les problèmes concernant le budget. Le Soir n’oublie pas de préciser que M. Macron avait affirmé avant l’élection qu’il ne tirerait aucune conséquence nationale du vote. « Une stratégie périlleuse. Ça passe ou ça casse », conclut le journal belge.
« Trois ans de cohabitation mèneront Le Pen à l’épuisement ».
L’idée que le Président Emmanuel Macron pourrait délibérément entrer dans une phase de cohabitation avec l’extrême droite pour affaiblir le RN n’échappe pas à la quotidienne italienne libérale influente, La Stampa. Le journal suggère que trois années éprouvantes de cohabitation mettraient Le Pen et ses partisans en difficulté, forçant leur transition d’opposants criards à porteurs de devoirs institutionnels, un rôle souvent plus dérangeant. Le but serait également de protéger le premier ministre Gabriel Attal, une personne en qui Macron a entièrement confiance et envisage un rôle futur avant l’élection présidentielle de 2027.
Le Temps, le quotidien suisse, réitère ce scénario dans son éditorial pour tenter de saisir l’intention de Macron. Le journal suggère l’exposition de l’incompétence du RN serait spectaculaire une fois au pouvoir. Depuis la dernière élection présidentielle, le RN mise essentiellement sur la discrétion pour esquiver les controverses, évitant de parler des dossiers les plus difficiles. Cependant, le coût serait énorme pour une stratégie cynique jugée préjudiciable, considérant un programme RN irresponsable au moins en termes budgétaires. Tout en soulignant la popularité de l’ancien Président américain, Donald Trump, Le Temps note qu’une gestion populiste ne garantit pas des échecs électoraux futurs.
Selon le journal américain The Washington Post, l’option d’Emmanuel Macron est perçue comme une décision risquée, pouvant donner lieu à des élections législatives anticipées considérées comme un vote de confiance pour le gouvernement français. D’après ce dominant quotidien, la France semble être le théâtre d’une lutte immense entre le centre et l’extrême droite, alors que se profile les Jeux Olympiques, dans un contexte marqué par le risque d’actes terroristes et des tensions avec la Russie.
De son côté, Izvestia, l’important journal russe, analyse cette décision sous un angle historique avec pour titre : « Dans l’ombre de De Gaulle : le Parlement français dissout. » Il justifie ce choix par l’impact négatif pour Macron de l’importance donnée à la crise ukrainienne lors des élections européennes. Dans le même thème, le Kyiv Independant en Ukraine, note que Marine Le Pen a eu une position ambivalente concernant la Russie, l’ayant défendue, y compris Vladimir Poutine, avant le déclenchement de la guerre. Le journal rappelle son utilisation du mot « annexion » en référence à la Crimée lors d’une séance parlementaire en mai 2024.
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