En discutant de la décision sans précédent d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale à la suite d’une victoire importante du Rassemblement national (RN), les mêmes analogies étaient évoquées sans cesse lors des émissions télévisées du dimanche soir. Les responsables macronistes, qui avaient été conviés à l’Élysée ce soir-là, ont été confrontés à cette annonce grave sans préavis. Contrairement à ce que l’on pouvait attendre, seuls un nombre restreint de fidèles ont contribué à la conversation préliminaire, même si une poignée de figures influentes de la majorité souhaitaient que le président agisse de manière audacieuse et mette le pays face à ses obligations. Parmi ces figures, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et le président du MoDem, François Bayrou étaient présents. Cette dernière avait d’ailleurs préconisé une dissolution dès le mois de septembre, de même que plusieurs conseillers présidentiels.
Le groupe restreint d’initiés (seulement huit, d’après un proche du président, comprenant trois conseillers de l’Élysée, Alexis Kohler, Bruno Roger-Petit et Jonathan Guémas, ainsi que deux ministres, Stéphane Séjourné et Gérald Darmanin) qui ont observé Macron s’orienter progressivement vers cette solution radicale ont réussi à garder le secret. Au palais, cela a été accueilli avec satisfaction, à la lumière de l’échec de la dissolution de Jacques Chirac en 1997 qui avait été révélée prématurément. Un des conseillers a insisté sur le fait qu’apporter la question au peuple était la seule option pour que le président récupère sa latitude d’action.
Il est certain que M. Macron tentait de trouver des moyens de récupérer suite à une défaite humiliante. Bien qu’il se soit impliqué complètement dans la campagne, en tirant parti de tous les outils à sa portée (commémorations du Jour-J, conflit en Ukraine, dramatisation des enjeux électoraux…), il n’a pas réussi à faire face à la chute de la liste dirigée par Valérie Hayer. Ce vote affaiblit davantage un pouvoir qui, sans majorité absolue, avait déjà du mal à trouver son chemin, restreint. Il a échoué à atteindre l’objectif principal qu’il s’était fixé, bloquer le RN : en effet, le supposé « bouclier » s’est effondré. « Le macronisme, c’est terminé », répétaient les oppositions en chœur, du député « insoumis » de la Somme, François Ruffin, au président du parti Les Républicains (LR), Eric Ciotti.
Face à un choc électoral, M. Macron, qui refuse de disparaître et ne veut pas accepter l’indifférence des Français, a tenté d’afficher qu’il maintenait le contrôle, bravache. À ses yeux, la dissolution présente plusieurs avantages. À court terme, elle détourne l’attention de son échec personnel et fait diversion : alors que cette soirée d’élection aurait dû être consacrée à d’autres partis (le RN, arrivé en tête ; le Parti socialiste, qui a obtenu un score impressionnant…), c’est d’abord la sienne qui a été sous les projecteurs. Cela lui permet également d’éviter tout remise en cause face au score du RN, qui n’a jamais été aussi élevé, sept ans après son accession à l’Elysée.
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