Les négociations initiées par les partis de gauche le lundi 10 juin ont abouti à un premier consensus. Le Parti socialiste (PS), le Parti communiste français (PCF), les Ecologistes et La France insoumise (LFI) ont exprimé peu de temps après 22h30 leur volonté de « soutenir une candidature unique dans chaque circonscription dès le premier tour » des élections législatives. Le statement, co-signé par Place publique ou Génération.s, exprime leur désir de « porter un programme de rupture ».
« Nous demandons la formation d’un nouveau front populaire, rassemblant dans une nouvelle forme toutes les forces humanistes de gauche, syndicales, associatives et citoyennes », déclarent les partis co-signataires, exprimant leur désir de « construire une alternative à Emmanuel Macron et de lutter contre le projet raciste de l’extrême droite ». Le document invite également à « rejoindre les cortèges » planifiés ce week-end par la CFDT, la CGT, l’UNSA, la FSU et Solidaires et à « manifester largement ».
Les partis de gauche se sont réunis lundi après-midi pour chercher une alliance pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet, une élection anticipée en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée dimanche soir par Emmanuel Macron, après les résultats des élections européennes remportées par le Rassemblement national, bien devant le camp présidentiel.
Les nominations doivent être déposées entre le mercredi 12 juin et le dimanche 16 juin à 18 heures, selon le décret publié lundi dans le Journal officiel. La campagne électorale pour le premier tour commencera le lundi 17 juin.
« Maintenant, nous devons nous mettre d’accord sur le contenu et l’accord électoral ».
La déclaration des groupes politiques de gauche a été relayée alors que des centaines de jeunes protestataires convergeaient vers le siège des Écologistes, suite à un rassemblement anti-extrême droite à la Place de la République. « Nous sommes parvenus à trouver un consensus », a déclaré Marine Tondelier, la tête de file des Écologistes, à ses supporters qui scandaient « Trouvez un accord ! ». Manuel Bompard, le coordinateur de La France insoumise, a souligné leur engagement à s’opposer ensemble à Emmanuel Macron.
« Nous sommes une nation qui se lève aujourd’hui pour dire non à l’extrême droite », a déclaré le chef des socialistes, Olivier Faure, tandis que le communiste Fabien Roussel s’est engagé à rester unis jusqu’à la victoire. Les quatre leaders du parti, qui ne se sont pas affichés ensemble depuis près d’un an, ont tous reçu des applaudissements chaleureux.
Jean-Luc Mélenchon, le dirigeant de La France insoumise, qui est considéré comme indésirable par les socialistes dans le processus de reformation de la gauche, a rapidement salué sur la plateforme X « un bon travail qui déjoue la division prévue par Macron et Le Pen ».
« Ceci n’est pas un accord, mais simplement le début de discussions où nous avons pu poser nos conditions », a clarifié avec précaution sur X l’eurodéputée Place publique Aurore Lalucq.
Plusieurs interrogations subsistent, notamment les détails du programme unifié. « Nous avons validé la ligne d’action basée sur le changement et l’implication des organisations syndicales, associatives et citoyennes. Nous devons maintenant nous accorder sur le contenu et l’accord électoral. Nous y travaillons », a déclaré à l’Agence France-Presse le député de La France insoumise, Paul Vannier, en charge des processus électoraux du mouvement.
Dans son apparition lors du journal télévisé de 20h sur France 2, Raphaël Glucksmann a exprimé sa proposition surprenante qui n’était pas mentionnée dans le communiqué. Il a suggéré que Laurent Berger, l’ex-dirigeant de la CFDT et une figure emblématique de la lutte contre la réforme des retraites, pourrait être nommé Premier ministre en cas de victoire. Jusqu’à présent, Berger a refusé toutes les offres politiques.
Manuel Bompard a rapidement mis de côté cette proposition en la qualifiant d' »initiative personnelle », tandis que Fabien Roussel a affirmé que Raphaël Glucksmann parlait en son nom. Glucksmann, fort des 13,8% obtenus lors des élections européennes pour le Parti Socialiste, a établi ses « conditions » pour une éventuelle alliance le lundi. Le député européen de 44 ans a exclu la possibilité de devenir chef du gouvernement. Il a également précisé que ce ne serait définitivement pas Jean-Luc Mélenchon.
Glucksmann, en tant que chef de file ayant obtenu une large avance à gauche, a indiqué une direction claire : « Nous n’allons pas recommencer la Nupes ». Il a affirmé que le groupe qui a réussi à faire élire 151 députés de gauche à l’Assemblée nationale en juin 2022 a éclaté à la suite de plusieurs conflits, le dernier étant après le 7 octobre et le refus de la France Insoumise de qualifier le Hamas de mouvement « terroriste ».
En utilisant les propos d’Eric Ciotti, le chef des Républicains, on peut dire qu’il a vivement critiqué la « responsabilité grave » que portent le PS, le PCF et les écologistes en s’alliant à LFI. Sur le réseau social X, le représentant des Alpes-Maritimes a affirmé que « l’antisémitisme et l’anti-républicanisme ne sont pas des valeurs avec lesquelles on peut compromis ». De plus, il a prévenu que cette alliance représente « un danger réel pour la France ».
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