Avec une mer de drapeaux rouges et jaunes, des partisans ardents, et par-dessus tout, un sentiment de triomphe, l’ambiance était électrique au quartier général de Raphaël Glucksmann, situé à La Bellevilloise, à Paris, lors de la soirée électorale du dimanche 9 juin. À 20 heures précises, les écrans télévisés affichaient les premières estimations pour le candidat de la liste commune du Parti socialiste (PS) et de Place publique. Glucksmann a décroché 13,8 % des suffrages, se rapprochant de la candidate du parti au pouvoir, Valérie Hayer.
« C’est un résultat que personne n’avait anticipé, » se réjouit le gagnant de la soirée, bien que déçu des 40 % récoltés par l’extrême droite. « C’est un moment charnière », rajoute-t-il. Pour Glucksmann, ce scrutin lui offre l’opportunité de créer un « nouvel espace politique », construit autour du « rejet de l’exagération » et « de la diffamation ». Par conséquent, en totale opposition avec la vision de Jean-Luc Mélenchon. Glucksmann précise : « La ligne que nous avons tracée, nous devons la tenir : c’est une ligne centrée sur le contenu et la forme ». Au sein de l’assemblée, les jeunes militants de Place Publique et du PS étaient en liesse.
Au Parti Socialiste, on est loin de s’amuser après l’effroyable élection présidentielle de 2022 durant laquelle Anne Hidalgo avait récolté 1,7% des suffrages. « C’est un rayon d’espoir, une première étape qui indique la possibilité de l’édification, non de la conflictualité », se félicite Sébastien Vincini, le président du conseil départemental de Haute-Garonne. « Absolument, ça marque une distinction à gauche », incite Nora Mebarek, la députée européenne nouvellement réélue. Pour cette dernière, la campagne a connu une « violence inouïe ». « Je n’ai jamais subi cela, même venant des territoires d’extrême droite », souligne l’ancienne adjointe au maire d’Arles, faisant allusion aux « insoumis », qui ont vivement critiqué Glucksmann et les socialites.
« La politique, c’est une direction claire »
L’allégresse est de courte durée. Il est environ 21 heures quand Emmanuel Macron s’exprime pour déclarer la dissolution de l’Assemblée nationale. Ce coup de théâtre saisit l’auditoire. Vêtu d’un costume bleu clair et d’un tee-shirt blanc, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, tente d’analyser à chaud cette décision présidentielle. Il y voit « la peur de l’extrême droite » et « le formidable revers » que vient de subir Emmanuel Macron. « Ce soir, c’est la fin du macronisme », déclare-t-il.
C’est un moment particulièrement difficile pour la gauche, qui compte presque un tiers de l’électorat, et qui est actuellement dans une situation lamentable. La Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (Nupes), qui fut établie lors des élections législatives de 2022, s’est effondrée suite aux massacres du 7 octobre 2023 en Israël et au refus du parti politique La France Insoumise (LFI) de déclarer le Hamas comme une organisation terroriste. Depuis, une avalanche d’insultes s’est déclenchée entre LFI et le PS. À La Bellevilloise, les interrogations surgissent sans que personne puisse y répondre. Comment reprendre la campagne ? Quelle alliance peut-on construire ? Pour beaucoup, il est hors de question de renouveler l’accord de la Nupes, qui avait été signé alors que le PS était extrêmement affaibli. « Une élection vient d’avoir lieu, elle a créé un nouveau paysage. La colère et la violence ne servent à rien », insiste Nicolas Mayer-Rossignol. Dans la salle, les jeunes lancent des chants d' »unité ».
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