Lors des élections européennes du dimanche 9 juin, le Rassemblement national (RN) a réalisé un score exceptionnel de 31,5% des votes, selon les projections préliminaires de l’Institut Ipsos pour France Télévisions, Radio France, France 24/RFI et Public Sénat/LCP Assemblée nationale. Ce résultat n’a pas été égalé par aucune autre formation politique en l’espace de quarante ans, depuis le triomphe de l’union de droite dirigée par Simone Veil en 1984 avec 43%. Aucun autre parti n’avait réussi à franchir le seuil des 30% lors des précédents scrutins européens.
Le RN a réussi à améliorer sa performance de près de huit points par rapport au score de Jordan Bardella en 2019 (23,34%), malgré la présence d’une autre liste d’extrême droite (Reconquête !, évaluée à 5,5%). Avec presque deux fois le nombre de voix que le camp présidentiel a reçu, le RN devrait envoyer entre 29 et 31 membres au Parlement européen et ainsi devenir la principale délégation de l’assemblée.
En termes de voix, en raison d’une abstention d’à peine moins de 50% des électeurs, le score de Jordan Bardella devrait surpasser celui de Marine Le Pen au premier tour des présidentielles de 2022 (23,15%), avec nettement plus de huit millions de votes.
Ce succès est le résultat d’une campagne lancée depuis septembre 2023, que le RN a transformé en un référendum pour ou contre Emmanuel Macron. Une stratégie que l’exécutif a soutenue, avec le président et son premier ministre, Gabriel Attal, qui se sont pleinement engagés dans la campagne lors du dernier mois.
En faisant valoir des événements divers largement médiatisés, le RN a réussi à mener une campagne basée sur ses thèmes de prédilection: l’immigration et la sécurité. L’image positive de Jordan Bardella a séduit certaines franges de l’électorat qui s’étaient auparavant éloignées de l’extrême droite, en particulier les personnes de plus de 60 ans.
Malgré les tentatives de ses opposants pour ternir sa réputation, notamment par des accusations de volte-face sur l’Union européenne et la Russie, d’absentéisme au Parlement européen, et d’alliances avec des radicaux européens, ces tactiques n’ont apparemment pas modifié les préférences du noyau dur de l’électorat du RN, ni celles des ex-électeurs de droite.
En outre, l’apparition de listes concurrentes n’a pas systématiquement réduit la faveur envers le RN. Par exemple, la liste « Reconquête ! » portée par Marion Maréchal a réussi à sauver les apparences en remportant 5,5% des voix, selon les premières estimations, ce qui porte le soutien général à l’extrême droite à près de 37%. Les deux organisations siègeront probablement dans des groupes distincts, compte tenu de la restructuration en cours entre les différentes factions de la droite eurosceptique.
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