La clôture de l’élection européenne marque le début des élections législatives, le tout se déroulant le soir du dimanche 9 juin. Chez La Rotonde Stalingrad, un restaurant situé à côté du canal de l’Ourcq à Paris, les dirigeants et partisans de La France insoumise (LFI) ont assisté à cette soirée électorale unique, qui a rapidement été éclipsée par le bouleversement de la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée par Emmanuel Macron.
L’heure de 20h a vu des sourires et des acclamations, parfois un peu forcées, lors de la révélation des résultats de l’élection européenne. Il y avait aussi l’espoir d’une hausse du score en raison des rapports progressifs des bureaux de vote au cours de la soirée. Avec une part de 9,8% dans l’ensemble des votes, la liste dirigée par Manon Aubry a surpassé ses performances lors de l’élection européenne précédente en 2019. Aubry, qui était également candidate il y a cinq ans, a amélioré son score de près de quatre points par rapport à sa décevante performance de 6,31% la fois précédente, envoyant entre 9 et 10 députés au Parlement européen.
La déclaration du résultat a déclenché des exclamations parmi les militants et les dirigeants: « Rima en tant que députée! » Rima Hassan, une juriste franco-palestinienne qui occupait la septième position sur la liste LFI, a été élue. Cela clôt une campagne dans laquelle l’engagement pour la cause palestinienne a joué un rôle majeur. Dans son discours, Manon Aubry a principalement ciblé le président: ‘La première leçon est l’échec et la déroute du macronisme. (…) Macron n’a plus de légitimité pour continuer sa politique sociale de réduction des dépenses. Il doit abandonner sa réforme de l’assurance-chômage’. Contrairement à Jordan Bardella, candidat du Rassemblement national, la tête de liste de LFI n’appelle pas à la dissolution.
C’est un conflit entre deux visions de la France.
Au fur et à mesure que la soirée avance, les prévisions progressent. Au départ, Ipsos accordait à Manon Aubry 7,8 % à 20 heures, mais sa liste passe le cap des 10 % à 22 heures, provoquant une salve d’applaudissements. En fin de compte, LFI atteint presque ce total à deux chiffres, un score qui est plus proche que prévu de la liste de Raphaël Glucksmann (Place publique-Parti socialiste).
C’est seulement quand le président de l’Etat prend la parole, aux alentours de 21 heures, que tous restent collés à leur écran, pendant un instant. La dissolution de l’Assemblée nationale est annoncée. Cependant, le choc n’est que de courte durée. Il y a quelques mois, ce scénario obsédait les discussions entre les « insoumis » et le reste de la gauche. La députée LFI de Paris, Danièle Obono, n’est « pas surprise » : « On avait discuté de ce scénario pour essayer de persuader nos collègues de la Nupes [Nouvelle Union populaire écologique et sociale], à l’idée que Macron pourrait dissoudre juste quand la gauche serait en désaccord… »
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