En face du bureau de vote à Evry-Courcouronnes (Essonne), Adama Sy, un entrepreneur et père de famille, exprimait son désarroi le dimanche matin du 9 juin. Bien que né en France depuis plus de quarante ans, il est consterné de voir que ses racines sénégalaises demeurent un sujet de réflexion pour d’autres. « Même si j’ai vécu toute ma vie en France et que je suis employé ici, aux yeux de beaucoup, je suis toujours considéré comme non français », a-t-il témoigné, expliquant qu’il avait choisi de soutenir La France insoumise (LFI) lors des élections européennes, espérant un avenir meilleur pour ses enfants.
Plus tard, près du même bureau de vote, Rose Zagovian, une infirmière de 71 ans à la retraite, faisait part de son intention de voter pour Jordan Bardella, le dirigeant du Rassemblement national (RN), dans le but de garantir la sécurité de ses petits-enfants et de son premier arrière-petit-fils. « C’est difficile de voir tout ce que l’on donne à des personnes qui n’ont jamais travaillé de leurs vies », a-t-elle insisté, démontrant un changement de voie politique notable puisqu’elle se rappelle avoir versé des larmes lors de l’élection présidentielle du 21 avril 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen a atteint le deuxième tour. C’est un reflet des divisions et des changements qu’a connu le pays. Le 30 juin et le 7 juillet, tous les électeurs, y compris eux, seront de nouveau convoqués pour des élections législatives anticipées, une décision prise par Emmanuel Macron.
Dans le sillage de l’annonce du président de l’Etat d’une dissolution dimanche soir, électeurs et fonctionnaires ont été pris de panique. Stéphane Beaudet, le maire sans parti d’Evry-Courcouronnes, a exprimé son inquiétude en le comparant à jouer à la roulette russe. Beaudet, d’origine conservatrice, a souligné les valeurs lunaires atteintes par le Front de gauche (LFI) et le Rassemblement national (RN) dans sa région (36,7% et 17% respectivement). Il a souligné les similitudes entre les programmes et les méthodes des deux partis, ce qui l’énerve profondément. D’autres élus ont également noté l’éclatement des plafonds de verre des partis extrémistes.
Par exemple, Xavier Lemoine, le maire de droite de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), refuse de choisir entre LFI et RN si ce sont les options futures. Il pense que les législatives vont exaspérer davantage les débats et se demande comment leur ville s’en sortira. Il craint également les conséquences dans sa ville, où il est en fonction depuis 2002 et a déjà fait face aux émeutes de l’automne 2005.
À Corbeil-Essonnes (Essonne), la ville est également fracturée selon le maire, Bruno Piriou (divers gauche). Dans cette ville, GFI a remporté 34% des votes, dépassant le RN avec 24,2% des votes. Il décrit une ville divisée entre ceux qui ont voté massivement pour LFI et les zones centrées qui ont voté pour Bardella. Piriou souligne la nécessité d’un grand réexamen par la gauche et d’une mise à jour impérative de leur politique. Cependant, il se demande comment cela peut être réalisé en seulement trois semaines.
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