L’équipe présidentielle a anticipé pendant plusieurs jours l’événement en l’appelant « le tournant » de la campagne pour les élections européennes. Emmanuel Macron revient à la Sorbonne ce jeudi 25 avril, sept années après avoir délivré un discours important de son premier quinquennat sur le futur de l’Union européenne. Tandis qu’il est sous les lambris dorés du grand amphithéâtre, un ensemble de ministres et de dirigeants de la majorité attend qu’il ravive l’esprit pro-européen et qu’il enflamme enfin l’étincelle nécessaire pour lancer cette campagne. La candidate principale de la majorité, Valérie Hayer, choisie par défaut deux mois auparavant, est gravement manquante de visibilité, et seul le président semble capable de donner du dynamisme à cette campagne pour les européennes.
Cependant, à la veille du jour férié du 1er mai, les Français se préoccupent d’un autre sujet : une tentative de suicide présumée du chanteur Kendji Girac. Sur BFM-TV, l’image du gagnant de l’émission « The Voice » apparaît dans un coin de l’écran tandis que le président discute sur des sujets comme « l’Europe en crise » ou « la réindustrialisation verte ». Puis, lors des journaux télévisés du soir, la conférence de presse du procureur de Mont-de-Marsan concernant les détails du drame éclipse partiellement l’apparition du président.
Cette complication inattendue n’est qu’un exemple parmi d’autres d’actualités qui ont « perturbé » cette campagne européenne, qui, aux yeux des dirigeants de la majorité présidentielle, « n’a jamais vraiment débuté ». L’explication semble en grande partie destinée à dissimuler l’obstacle auquel la faction présidentielle a été confrontée pendant ces trois longs mois de campagne : l’épuisement d’un leader politique au pouvoir depuis plus de sept ans, sans majorité au Parlement et qui est à la merci des événements. « Nous approchons ces élections avec beaucoup d’humilité », a prévenu l’Élysée dès février, comme pour prévoir un échec.
« Bardella, l’opposant universel qui reste silencieux ».
C’est tout le contraire de Jordan Bardella. Confiant dans son élan, le candidat en tête de la liste du Rassemblement National (RN) se permet même de bouder les premiers débats entre les candidats. Au début de la campagne, au Salon de l’agriculture, le 25 février, il montre sa popularité à travers des selfies et des poignées de main, tandis que la veille, le président était accueilli avec des huées, avant d’être évacué suite à une violente échauffourée entre les forces de l’ordre et les syndicalistes de la Coordination rurale. « Bardella, l’opposant universel qui reste silencieux et qui est le réceptacle de la colère », selon le ministre chargé de l’Europe, Jean-Noël Barrot.
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