Il y a à peine une demi-douzaine d’années, les Jardins d’Apogoti à Dumbéa étaient un lieu isolé avec quelques logements. Aujourd’hui, grâce à la croissance démographique du Grand Nouméa, le quartier est en plein essor avec des immeubles, des écoles, une rue commerçante et même un parc pour enfants. Cependant, le quartier a été chamboulé suite aux émeutes du 13 mai, avec la plupart des magasins pillés par de jeunes criminels. Résistant à la crise, une boulangerie aux allures de famille, avec ses étagères bien remplies, est devenue le cœur social du quartier.
Georges Naturel, du parti Les Républicains et ancien maire de Dumbéa, regrette ne pas avoir instauré plus de mixité dès le début, considérant cela comme une erreur. Il veut à présent stimuler la vie du quartier et faire de l’aspect social une priorité. Sa lamentation vient après que de nombreux citoyens aient accusé les dirigeants politiques, indépendantistes ou non, de privilégier leurs désaccords internes au détriment de l’avenir du pays et sa jeunesse. M. Naturel vit lui-même dans le quartier, qu’il a grandement aidé à développer.
Le division au sein des Jardins d’Apogoti est flagrante. D’une part, on y trouve des logements sociaux, où cohabitent Wallisiens et Kanak, séparés par la Savexpress, une autoroute quatre voies reliant Nouméa au nord. D’autre part, se situe la zone commerciale. Au milieu de ces deux moitiés, où s’étendent le pont routier et le rond-point, se trouvait un barrage indépendantiste couvert de fumée, qui a été retiré il y a quelques heures par les gendarmes mobiles. Il ne reste que des épaves de voitures et un grand nombre de débris. Pendant que les « mères » préparent le repas du midi en fin de matinée, les jeunes résidents se rassemblent, en attendant des instructions, comme le mentionne brièvement un activiste du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS).
« Salut ! Monsieur le maire ! » Tout le monde accueille M. Naturel comme l’ancien député de Dumbéa. Le magasin Shell, qui a été épargné, reste fermé mais est surveillé par ses propriétaires, le respecté patriarche Eugène Togna de l’aire coutumière kanak Djubéa-Kaponé, ainsi que son fils Rodolphe, membre du parti d’opposition municipale de Dumbéa, Union calédonienne-FLNKS. Ils sont les propriétaires légitimes de cette terre. L’ouverture de la station-service en 2020 avait été suivie par une foule immense.
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