Eric Woerth, le député (Renaissance) de l’Oise, a proposé plusieurs mesures suscitant beaucoup de discussions parmi les élus locaux, comme le retour de la double fonction de député-maire, une représentation unifiée pour la région et le département, ou encore l’élimination de la Métropole du Grand Paris. Ces propositions font partie d’un rapport qu’il a présenté le 30 mai au président Emmanuel Macron, décrivant une refonte globale de la décentralisation. Ce document contribue à la nouvelle phase de décentralisation initiée par le président Macron lors de la célébration du 65e anniversaire de la Ve République le 4 octobre 2023. Ce rapport devrait servir de base pour les discussions que le premier ministre s’apprête à mener dans les semaines à venir, afin de travailler sur plusieurs projets de loi.
Il est crucial de résoudre la « confusion » concernant la répartition des pouvoirs territoriaux qui cause actuellement une méfiance parmi les citoyens et compromet la démocratie. Avec une compréhension floue des responsabilités dans le système, les citoyens se demandent la valeur de leur vote. Selon Eric Woerth qui rejoint les conclusions de la Cour des comptes prononcées en mars, le dynamisme politique initial a progressivement perdu de son intensité. D’où la nécessité de réexaminer le « projet politique ».
La décentralisation se conçoit principalement comme une redistribution du pouvoir. Toutefois, ce pouvoir semble avoir été dilué au fil du temps avec des compétences qui se chevauchent, des financements enchevêtrés et des interventions continues de l’Etat et des fonctionnaires locaux. Cette situation crée un « puzzle français » qui a un impact économique considérable. Selon un rapport publié le 29 mai par Boris Ravignon, maire de Charleville-Mézières affilié aux Républicains, le coût de cette situation s’élève à 7,5 milliards d’euros annuels. Cette dispersion produit des lenteurs, des erreurs et une dilapidation de l’argent public, indique M. Woerth. Cette dilution rend difficile la réalisation de la décentralisation comme un projet politique car elle obscurcit les responsabilités et détourne les décisions locales.
Malgré cet effet néfaste, on ne devrait pas abandonner l’ensemble du processus. M. Woerth rappelle que la décentralisation a permis d’améliorer la qualité des services publics locaux dans de nombreux domaines vitaux pour la population tels que l’eau, l’assainissement, le traitement des déchets, les institutions scolaires, etc. En ce sens, il ne serait pas judicieux d’éliminer un niveau de gouvernance locale ou de redéfinir les grandes régions formées en 2016, qui sont sujettes à des contestations locales.
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