Gérard Larcher, président du Sénat, est connu pour être un sage avec une grande autorité morale, occupant le deuxième poste du gouvernement. Il est perçu comme réfléchi et compétent. Cet ancien vétérinaire a cependant le don de déstabiliser les membres de son parti, Les Républicains (LR), par ses déclarations parfois énigmatiques. Comme le déclarait le député du Lot, Aurélien Pradié, à l’été 2023, « Si vous pensez avoir compris ce que Larcher dit, c’est que vous n’avez pas vraiment compris ».
La question qui se pose maintenant concerne son éventuel déplacement du Palais du Luxembourg à l’hôtel de Matignon pour mettre en place une coalition entre la droite et la majorité, une idée déjà en discussion depuis quelques mois. Pour rappel, en avril 2023, Le Monde avait indiqué que des proches du président de la République envisageaient de nommer M. Larcher premier ministre d’Emmanuel Macron, un plan qui n’avait pas survécu à l’été.
Un an plus tard, le sénateur des Yvelines garde toutes ses options ouvertes, y compris celle d’accepter le poste de chef du gouvernement dans l’intérêt du pays. Suite aux élections européennes, il avait déclaré lors d’une interview à l’AFP diffusée le 29 mai : « il faudra bien qu’on apporte une réponse. Si réellement l’extrême droite est à 40 % le soir du 9 juin, on ne peut pas faire comme si les Français ne nous avaient pas envoyé un message ». Il s’interroge sur l’opportunité de maintenir le cap actuel, anticipant une « gueule de bois démocratique » après le vote.
La principale interrogation est de distinguer s’il aspire à embarquer à bord d’un navire que d’aucuns parmi les élus LR caractérisent comme le Titanic. Cependant, en vrai Gaulliste, M. Larcher se réfère à la Constitution. Selon lui, la décision d’étendre ou non une invitation à la droite pour créer une coalition est du ressort du président de la République. « C’est son rôle de prendre des initiatives, je suis à l’image du pèlerin d’Emmaüs, je suis en attente », déclarait-il en privé, fin avril. Bien que Larcher puisse prétendre « ne rien solliciter », son diner du 7 mars – longtemps gardé secret – avec Emmanuel Macron suscite la curiosité à droite.
Les dirigeants de LR se sont tour à tour informés, commençant par Eric Ciotti. Le président du parti estime que l’hypothèse est judicieuse et que Larcher pourrait être tenté. Cependant, cette nouvelle ne le ravit guère, surtout en prévision des élections européennes, avec la possibilité que les électeurs amalgament la liste de François-Xavier Bellamy à celle du camp Macron. Laurent Wauquiez n’adhère pas à cette idée non plus. L’éventualité d’un Républicain à Matignon ne cadre pas avec l’agenda du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui projette de passer à la vitesse supérieure cet automne dans sa course prévue vers l’Élysée en 2027. M. Wauquiez, après avoir longuement évoqué le déclin inévitable de la Macronie après les élections européennes et les Jeux olympiques, avec une deuxième phase du mandat présidentiel auto-proclamée plus favorable à ses ambitions, ne souhaite pas voir LR se mélanger avec la majorité. « Ni coalition ni compromis », a-t-il déclaré à M. Larcher lors de leur réunion en mai.
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