L’avion présidentiel a effectué près de 35 000 kilomètres pour une visite express imprévue en Nouvelle-Calédonie, avec des résultats incertains. Emmanuel Macron est arrivé sur l’île, frappée par une insurrection, le jeudi 23 mai à 8h30 heure locale et a quitté les lieux aux alentours de minuit. Il n’a pas prononcé le titre de « retrait » que les activistes kanaks indépendantistes attendaient depuis une dizaine de jours.
Contrairement à l’idée de retrait de la proposition de loi sur l’extension du corps électoral pour les prochaines élections territoriales, cause du soulèvement, Macron a d’autres mots à l’esprit. « Après avoir écouté tout le monde, j’ai promis de ne pas imposer cette réforme de force, et nous prendrons quelques semaines pour permettre un apaisement et une reprise du dialogue en vue d’un accord général ».
Un tel accord politique entre indépendantistes et loyalistes est en attente depuis deux ans pour modifier le statut de la Nouvelle-Calédonie vis-à-vis de la France. Il comportera un volet sur la citoyenneté calédonienne ainsi qu’un processus d’autodétermination, qui selon le président, pourrait être décidé par un référendum.
Depuis le 13 mai, Nouméa et ses environs sont en plein chaos à cause des émeutiers destructeurs. Ces derniers ont ciblé avec précision l’économie de la principale ville de la Nouvelle-Calédonie en incendiant environ 400 emplacements industriels et commerciaux. Des blocages persistent, entravant la circulation au sein de la ville et à l’aéroport, ce qui pourrait étouffer l’ensemble de l’archipel. D’une part, des partisans de l’indépendance dressent des barricades, souvent renforcées par des radicaux, et de l’autre, les résidents des zones sud plus fortunées érigent des barrières pour garder leurs possessions sans hésiter à s’armer. Le couvre-feu demeure en vigueur durant la nuit.
Lors d’une visite au commissariat de police central de Nouméa, le président a parlé d’une “révolte totalement inconnue jusqu’ici, personne n’aurait anticipé un tel niveau de violence”. “Mon expérience de la Nouvelle-Calédonie jusqu’à présent a été celle du soutien mutuel, du partage, je ne m’attendais franchement pas du tout à cela, personne ne pouvait prévoir l’intensité de la situation”, a-t-il confirmé.
En réponse à la question si ce qu’on observe depuis les violences déclenchées le 13 mai peut être qualifié d’insurrection kanak, il a déclaré au Monde, « la réalité sera notre guide », et pour le moment, il « choisit d’être prudent ». Il a constaté que des directives politiques ont été émises. Les fondateurs de CCAT [la cellule de coordination des actions de terrain mise en place par le parti Union calédonienne du FLNKS] sont des dirigeants politiques. Par ailleurs, les dirigeants du FLNKS lui ont fait part de la présence de récidivistes multiples qui ont participé [à l’action] et commis des abus. C’est un mouvement qui prend plusieurs formes, selon lui. Il est donc trop tôt pour conclure, mais il assure qu' »si c’est un mouvement politique, notre réponse à cela doit être politique ».
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