Après une semaine de manifestations, la mobilisation pour l’indépendance devrait perdurer malgré l’existence de doutes et d’incertitudes. Plusieurs secteurs du Comité de Coordonnation des Actions sur le Terrain (CCAT) ont encouragé hier les activistes à continuer avec leurs actions sur le terrain, de manière pacifique et dans le respect de chacun, bien qu’ils n’aient pas réussi à mettre fin aux conflits qui se déroulent à Nouméa. Les véhicules blindés et les gendarmes n’ont laissé aucune possibilité au barrage filtrant, construit à partir de voitures incendiées, de clôtures et de branches, cependant, cela n’a pas su décourager la dizaine d’activistes indépendantistes qui campent depuis le lundi 13 mai à La Tamoa.
« Les gendarmes ont avancé, nous nous sommes mis de côté. Ils ont tout déplacé et nous l’avons tout rétabli après », raconte Jean-Charles (nom fictif car les personnes interrogées n’ont pas voulu donner leur véritable nom), qui coordonne un des six barrages filtrants de la section CCAT de Païta-Boulouparis. « Ici, nous respectons le mot d’ordre, notre lutte est pacifique », assure-t-il. Jean-Charles, tenant un drapeau, portant un bandeau gris et des lunettes de soleil noires, n’a pas quitté son poste sur la route qui lui a été attribuée depuis lundi.
Un campement a été établi sur le côté de la route. Protégé du soleil et de la pluie, un grand thermos d’eau chaude est disponible. Un plat d’anguilles mijote dans une grosse marmite en fonte sur un feu de bois. « Venez demain matin, nous aurons des œufs », dit Jean-Charles en riant à un visiteur de Nouméa, qui doit faire avec ce qu’il a en raison des pénuries qui touchent la capitale.
« Il est temps pour les politiciens de discuter maintenant »
Jean-Charles, un homme d’une cinquantaine d’années, est préoccupé par l’escalade de la violence dans son agglomération. Il pense que le manque d’encadrement des jeunes pourrait en être la cause. Il établit des règles strictes pour eux, comme l’interdiction de l’alcool. Une semaine s’est écoulée depuis le début de cette crise, il souhaite voir une résolution en discussion par les politiciens. En attendant, il suit scrupuleusement les directives de la CCAT.
La RT1, la principale route territoriale qui abrite l’aéroport, est jonchée de barrages. Certains sont constamment filtrés et fermés pendant la nuit, d’autres ne le sont pas. Dans la zone de Païta-Boulouparis, des informations détaillées concernant l’emplacement, l’horaire et le rôle de ces barrages ont été partagées sur les réseaux sociaux. Les instructions sont de permettre aux véhicules d’urgence, comme les ambulances, de passer à toute heure.
À Bangou, par exemple, chaque voiture est soigneusement fouillée, à l’entrée comme à la sortie. Les automobilistes transportant des armes à feu seront sanctionnés. Un véhicule en feu indique la proximité d’un barrage. Des jeunes, certains cagoulés et d’autres masqués, utilisent des signes pour ralentir les voitures. Un groupe de personnes plus âgées les regarde travailler, assis sur des chaises en plastique bien rangées. Cela ressemble à un poste de contrôle des douanes. Après avoir posé la question sur le transport d’armes, le conducteur est invité à se garer pendant que les jeunes examinent le véhicule. Ils souhaitent ensuite « prudence sur la route » aux conducteurs qui repartent.
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