La politicienne distinctive anti-indépendantiste calédonienne, Sonia Lagarde, âgée de 75 ans, occupe le poste de maire de Nouméa depuis 2014. Fille de déporté, elle a également été une députée centriste (Union des démocrates et indépendants) et a défendu vigoureusement Emmanuel Macron lors des élections de 2017.
Lors des élections sénatoriales de septembre 2023, elle a été critiquée par les loyalistes pour son soutien à l’élection de Robert Xowie, indépendantiste, et Georges Naturel (Les Républicains, LR), au détriment de l’ancienne secrétaire d’État Sonia Backès. À la suite de ces actions, elle a perdu la présidence de l’Association française des maires de Nouvelle-Calédonie le 25 avril.
Alors que Nouméa est dans le chaos après une semaine d’émeutes, Mme Lagarde sollicite une intervention pour le dialogue et appelle à la suspension de la réforme constitutionnelle dégelant le corps électoral – Ce qu’elle considère comme des prérequis pour le rétablissement de l’ordre. Malgré son appel au dialogue, le président Emmanuel Macron a posé un ultimatum, en prévenant qu’un texte, adopté soit par l’Assemblée nationale soit par le Sénat, doit maintenant être accepté par un congrès réuni à Versailles « avant fin juin », à moins qu’il n’y ait un accord improbable entre les indépendantistes et les loyalistes.
Nouméa est la ville qui a subi le plus de dommages lors des émeutes. Quel est l’ampleur de ces dommages ?
Ils ont subi des pertes considérables. Un premier devis a estimé les coûts à 200 millions d’euros, mais la réalité est bien au-delà de ce chiffre. Un grand nombre d’entreprises ont été anéanties, y compris des supermarchés, des concessionnaires automobiles et des médiathèques. La destruction est aussi visible sur les routes, avec des tranchées apparentes. La première étape est de restaurer les voies d’accès pour évaluer le degré de dévastation, car il n’est pas encore possible d’accéder à tous les endroits. Ensuite viendra le nettoyage, mais les ateliers municipaux et le parc automobile de la commune ont également subi des incendies.
Avait-elle prévu un tel déchaînement de violence ? Elle se faisait beaucoup de soucis depuis plusieurs mois. Elle avait le sentiment que la situation allait forcément dégénérer. Elle ne pense pas avoir été entendue. Et face à cette situation, après dix ans en tant que maire et un travail sans relâche pour améliorer la vie dans cette ville, elle se sent désillusionnée, en colère et triste. Tous les efforts investis pour soutenir les jeunes semblent avoir été pulvérisés.
Qu’est-ce qui lui a fait comprendre qu’il y avait un risque de telles émeutes ? Elle a noté que les discours politiques se sont intensifiés depuis un certain temps, de tous les côtés. Une sorte de loi du talion semblait prévaloir, avec des ripostes systématiques et des attaques verbales. Les gens ont pris les rues, monté sur des camions et crié : « On va semer le chaos ! » – en référence à des commentaires de la présidente loyaliste de la province Sud et ancienne secrétaire d’État, Sonia Backès, lors d’une manifestation non-indépendantiste.
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