L’affaire délicate de la Nouvelle-Calédonie se trouve maintenant entre les mains de Gabriel Attal, par ordre d’Emmanuel Macron. Le Premier ministre, nouvellement installé Rue de Varenne, s’était gardé jusqu’ici de s’impliquer dans les problématiques complexes de l’archipel. Cependant, ceux qui l’entourent insistent sur le fait que le chef du gouvernement ne se dérobe pas devant la difficulté, peignant le portrait d’un homme ayant récemment pris des décisions sérieuses. L’échauffourée à Nouméa, déclenchée par l’évaluation puis l’adoption le 15 mai au Parlement, du projet de modification constitutionnelle de l’électorat de l’archipel, a forcé le Président à mettre Attal, le jeune chef du gouvernement, aux avant-postes.
D’où l’implication de l’ancien porte-parole du gouvernement qui est maintenant censé rétablir le dialogue avec les représentants indépendantistes et loyalistes de Nouvelle-Calédonie, aux côtés du ministre de l’intérieur et des territoires d’outre-mer, Gérald Darmanin.
« L’équipe gouvernementale est aux commandes, avec le premier ministre et Gérald » se réjouit-on à l’Elysée, où il y a des espoirs de reprendre rapidement les négociations pour finaliser la réforme. « L’objectif est de progresser rapidement », affirme-t-on rue du Faubourg Saint-Honoré, tout en ignorant apparemment les conseils d’experts recommandant de ne pas se presser sur ce thème sensible.
En plaçant Gabriel Attal au centre de l’actualité néo-calédonienne, Emmanuel Macron espère remédier à l’une de ses erreurs. Alors que cette affaire a toujours été gérée par Matignon, le président avait décidé, depuis 2020 et le départ d’Edouard Philippe, de la confier à ses ministres des outre-mer, Sébastien Lecornu puis Gérald Darmanin.
Les trois ex-Premiers ministres, Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault et Edouard Philippe, qui ont été interrogés à l’Assemblée nationale du 30 avril au 2 mai, ont partagé leurs inquiétudes concernant la situation actuelle en Nouvelle-Calédonie. Ils ont appelé à un regain de contrôle de la Rue de Varenne sur l’affaire, citant la « mémoire » et la « tradition » des Kanak. Manuel Valls a critiqué l’idéologie de « nouveau monde » des macronistes qui aspirent à tout réformer lors d’une interview sur France 5, le 16 mai.
C’est alors que Gabriel Attal, âgé de 35 ans, entre en jeu. Néanmoins, Attal, qui n’a jamais visité le Caillou, manque de connaissance nécessaire à ce sujet. Il n’était pas né quand les accords de Matignon de 1988, qui ont mis fin à quatre ans de conflits presque civils, ont été signés. Selon ses collègues, son expérience est équivalente à celle d’un Premier ministre quatre mois après son entrée en fonction à Matignon. Il tente de combler ses lacunes en menant de nombreux entretiens, réunions et appels téléphoniques avec des experts du sujet. Alain Christnacht, ancien conseiller de Lionel Jospin lors de l’accord de Nouméa (1997-2002), a récemment eu un échange avec le bureau de Gabriel Attal. Edouard Philippe a partagé un repas avec le Premier ministre vendredi midi et Manuel Valls devrait être invité prochainement.
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