La situation est sérieuse. Au point qu’Emmanuel Macron a dû organiser un conseil de défense d’urgence ce jeudi 16 mai, axée sur les problèmes rencontrés en Nouvelle-Calédonie. La région a récemment connu encore des émeutes nocturnes, et un autre policier a tragiquement perdu la vie, cette fois de manière accidentelle. Les actes de violence, qui ont commencé lundi, ont fait cinq victimes (deux gendarmes et trois citoyens).
La décision de voter sur la loi, détestée par les indépendantistes, qui vise à modifier la constitution du corps électoral, a provoqué une vague de colère mercredi dernier à l’Assemblée nationale. Des jeunes Kanak, des milice, des pillards et des vandales se sont mélangés dans les rues. La capitale, Nouméa, a été affectée. L’économie a été ravagée et la chambre de commerce et d’industrie de l’archipel estime les dommages à environ 200 millions d’euros. La situation rappelle une quasi-guerre civile, avec des échos de la crise de 1984 à 1988.
Néanmoins, le Président préfère comparer la situation aux émeutes de l’été 2023, quand la France a été secouée par la mort du jeune Nahel M., tué par un policier lors d’un contrôle routier. Aujourd’hui, comme à cette époque, le chef de l’État insiste sur la même priorité : le maintien de l’ordre, répète-t-on à l’Elysée.
La prolongation de l’état d’urgence n’est pas prévue pour le moment.
Suite à la proclamation de l’état d’urgence le jour précédent, valable pour une période de douze jours, l’île reçoit progressivement des renforts – mille policiers et gendarmes. Pour l’instant, les plus hautes instances de l’Etat certifient qu’il n’y a pas de plans pour prolonger l’état d’urgence. Cependant, le ministère chargé des relations avec le Parlement a signalé aux législateurs macronistes qu’ils recevraient probablement, au début de la semaine prochaine, un projet de loi visant à étendre de trois mois cette situation exceptionnelle. Selon un membre de Renaissance, « cela permettra aux Jeux Olympiques de se dérouler ».
On garantit que cet effet de puissance sera complété par un « dialogue » au palais présidentiel. Cependant, la visioconférence prévue jeudi avec le Président et les différents stakeholders a été annulée, l’Elysée précisant que les élus « n’étaient pas disposés à dialoguer entre eux ». Jusqu’à présent en retrait, le Premier ministre, Gabriel Attal, est censé faciliter les choses. Sa « virginité » sur ce sujet pourrait s’avérer précieuse pour « renouer le dialogue », selon la défense de Matignon.
Le dirigeant du gouvernement prévoit d’abord de rencontrer vendredi la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et le président du Sénat, Gérard Larcher, ainsi qu’avec le comité de liaison sur la Nouvelle-Calédonie, afin de « conclure un accord sur les termes du dialogue ». À Matignon, où l’efficacité dans la mise en œuvre des décisions gouvernementales est devenue un mantra, on réalise qu’il est nécessaire ici de « prendre le temps nécessaire », étant donné la nature délicate de la tâche.
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