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« Tribunal autorise manifestation ultradroite à Paris »

Un an après l’émergence d’un sentiment public d’inconfort provoqué par un défilé de néofascistes arborant des croix celtiques, des tatouages nazis et entonnant des chants racistes dans les rues de la capitale, le tribunal administratif de Paris a donné son feu vert le samedi 11 mai pour une manifestation prévue par le « Comité du 9 mai » dans l’après-midi à Paris. La requête en référé-liberté déposée par le petit groupe a conduit à l’annulation par les autorités judiciaires de la décision d’interdiction prise par la préfecture de police le 6 mai, sous prétexte qu’elle constituait une « violation grave et manifestement illégitime du droit de manifester ».

Laurent Nunez, le préfet, avait justifié cette interdiction en évoquant les risques de « troubles » et « d’atteintes à l’ordre public », en se référant à des situations où des individus avaient illégalement couvert leurs visages lors du défilé du 6 mai 2023 ou au cours duquel avaient été scandés des slogans nationalistes tels que « Europe, jeunesse, révolution ! ».

« Les précédents incidents lors de manifestations, où de tels slogans ont été clamés, donnent lieu à des inquiétudes quant à la possibilité que, dans un environnement social et international tendu, des discours nationalistes incitant à la haine et à la discrimination puissent être prononcés », indiquait le préfet dans son ordre. En fin de compte, il avait également fait mention de l’annonce d’un « village antifasciste » prévu lui aussi le 11 mai, à une faible distance du défilé du « Comité du 9 mai ». Ce qui suscitait des craintes d' »affrontements avec des militants de sensibilités politiques opposées ».

Il s’agissait donc d’une mobilisation de groupes identitaires.

La cour de justice a annulé le changement de position de la préfecture en réponse à l’une des principales manifestations de l’ultra-droite. En 2023, le préfet, Laurent Nuñez, affirmait qu’aucun danger avéré de perturbation de l’ordre public ne pourrait justifier une interdiction. Les photos de 600 militants masqués avec des cagoules, prêts à intimider les passants ainsi que les journalistes trop curieux lors de leur déambulation dans le 6e arrondissement, ont provoqué l’indignation sur les réseaux sociaux et parmi les sympathisants de gauche. À l’époque, on accusait Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, d’avoir été plus indulgent dans sa gestion de l’extrême droite que face aux opposants à la réforme des pensions. Il avait en conséquence ordonné aux préfets d’interdire par décret toutes les manifestations organisées par « tout militant d’ultra-droite ou d’extrême droite, ou toute association ou groupe, à Paris ou ailleurs dans le pays ».
Malgré les avertissements du ministère de l’Intérieur, le « Comité du 9 mai » avait rapidement fixé la date de sa prochaine marche : le 11 mai 2024. Un événement d’autant plus significatif pour le groupe qu’il commémore cette année le 30e anniversaire de la mort de Sébastien Deyzieu. Ce jeune militant de l’Œuvre française, un groupuscule pétainiste, est décédé suite à une chute d’un toit le 7 mai 1994 lors d’une chasse avec les forces de l’ordre pendant une manifestation qui avait été interdite par la préfecture. Cette dernière avait été organisée « contre l’impérialisme américain », notamment à l’initiative du GUD (Groupe Union Défense, une organisation d’extrême droite étudiante connue pour son extrémisme et sa brutalité). Vous avez encore 58,25% de cet article à parcourir. Le reste est réservé pour les abonnés.

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