À l’approche des élections européennes, Jean-Luc Mélenchon poursuit sa stratégie conflictuelle avec vigueur. Au lieu de se concentrer sur le Rassemblement national (RN) ou le gouvernement d’Emmanuel Macron, il a dans sa ligne de mire ses anciens alliés de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), les socialistes, qui ont pris une avance dans les sondages par rapport à la liste de La France insoumise (LFI).
Le 29 avril, Mélenchon a publié une tribune sur L’Insoumission, l’un des sites de la mouvance insoumise. Il y attaque son ancien camarade du Parti socialiste (PS), Jérôme Guedj, qu’il accuse de recul significatif sur le conflit israélo-palestinien. Selon Mélenchon, le député de l’Essonne plaiderait pour une position intermédiaire entre les « génocidaires » et les soi-disant défenseurs de « l’effacement d’Israël ».
Dans ce texte complexe et virulent, le septuagénaire reproche surtout à Guedj « l’ambiguïté de son discours », qu’il considère comme « un signe de fanatisme dans son milieu ». Il continue en comparant Guedj à une personne qui « s’agite autour du poteau auquel le retient la laisse de ses engagements ». Sa conclusion est que l’élu aurait « renié les principes les plus tenaces de la gauche juive en France ».
Il proclame : « C’est un piège ».
Jérôme Guedj a fait preuve de prudence avant de répondre, conscient du piège qui lui était tendu, comme il l’a confessé au Monde. Il comprend que sa réponse à cette polémique pourrait contribuer à sa diffusion, tandis que son silence pourrait l’encourager. Ainsi, ne pas réagir risque d’élargir la « fenêtre d’Overton », un concept faisant référence à ce qui est jugé acceptable dans la sphère du débat public. Selon lui, le prochain coup sera encore pire, a déclaré le représentant de l’Essonne.
Cela marque la deuxième fois en dix jours que l’homme qui a brigué la présidence trois fois cible son ancien protégé de la Gauche socialiste, une fraction du PS qu’ils ont tous deux été membres jusqu’en 2008. Le 18 avril à Lille, après l’annulation de la conférence qu’il devait animer avec la juriste franco-palestinienne Rima Hassan, Jean-Luc Mélenchon a qualifié Jérôme Guedj, sans le nommer, de « lâche » et de « mouchard ». Guedj avait précédemment émis des doutes sur le logo de Libre Palestine, l’entité qui organisa la conférence, sur lequel était dessinée une carte unifiant Israël, Gaza et la Cisjordanie en une seule région.
Jérôme Guedj, le député PS, s’exprime sur l’opinion « façonnée » de cette tribune qui le renvoie à ses origines juives. Il déplore le fait que pour la première fois dans sa carrière, son appartenance religieuse soit mise en avant. Il est d’avis que Jean-Luc Mélenchon, attribue des distinctions positives ou négatives aux juifs de gauche. «Je ne suis pas un juif de gauche, mais un universaliste » affirme l’homme politique façonné par le concept de laïcité, d’autant plus outré que son ancien mentor le connaît bien. Mélenchon, ancien élu de l’Essonne, a longtemps été associé à Guedj au sein du PS. Lorsque Mélenchon quitte le parti socialiste en 2008, il coupe également les ponts avec cet ancien protégé qui préparait l’ENA dans son bureau.
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